Les rouges gorges
Ce matin vont ras l’amour
Avec nos mésanges
(ILL. Rebecca Leveillé – Guay) Je t’attends Tu seras cet homme rongé de fièvre et d’errance Tu graveras mon paysage de mots impartageables Je te dirai mes chutes mes bousculades mon interminable ardeur Le jus des mirabelles coulera de mes lèvres Leur pulpe déjà danse sur ma langue Estelle Fenzy – Recueil « Le chant de la femme source »
(ILL. Nathaniel Skousen) J’AIME UN HOMMEG ymnopédies de nos palpitantsG astronomie haute de nos charmesG riffon à l’arpent exact de mon cielG ris-bleu acéré de tes yeuxG ilbertin en « langue des gens »I l est mon Île où poser mon chapeauI nnervé cousu princeps absolu de ma respirationI llégal homme sorti des flots de sa conditionL égitime amant de moi sa feu-âme oiseau faisons-nous ta fête, c’est ton jour mon amour
(ILL. Bobirova Elvira Anatolyevna) Chapeau de paille blonde Bouteille vide ou entamée Trousseau de clés qui tombe Et c’est l’été Grillon sous les persiennes Ta porte entrebâillée Mes pas qui vont qui viennent Et c’est l’été Parfum froissé de chambre Dehors le blé des prés Ta peau safran et d’ambre Et c’est l’été. — N’être que dans ce soupir De l’être qu’on attend Respirer lentement Pour freiner le désir De souffrir De rire ou de pleurer N’être plus là ni ailleurs Mais dans cette attente Qui voudrait s’emballer Cravacher les minutes Mordre et déchiqueter Les jours et les nuits Jusqu’à ce qu’il vienne Jusqu’à ce qu’on se souvienne Que l’instant n’est rien Sans l’infini. BIELECKI Isabelle – Extraits de « Plumes d’Icare »
(ILL. Ana Teresa Barboza) Mon abandon né Entre les leviers farouches La hutte chaude de ta bouche Entendre bruire le flot des oiseaux Que tu as volé dans le ciel En corps à l’affût Derrière tes crocs En toi mon astre au logos Se fond la foi rude de mes os Et se désaltère mon ego rythme De l’hébétude sur l’hymne Sanglant de tes rapides de gorge Se jouent les tournois des vertiges Sur mes antiques vestiges Des arguments de ma langue Au frontispice de ton amoureuse harangue Éclats boues suées de salives Entrelacs de grands précipices Où Faire avaler à nos petits, ces louves, ces fauves Des mets créant diocèses Exsudés de nos mots, de nos rougeoyantes gangues Creusant ventre à terre de folles tendresses Ne se repaître de rien Rester toujours dans la bouche d’ombre De nos faims…
Etrangement quand je te laisse, Dans le silence des forêts Lèchées du vent, perdues au ciel Quand je te laisse Les arbres dressés, Comme des chevaux fou, Passent la dune de tes seins Prennent la mer, Continuent de courir Sur la rivière de ta voix, Et le ventre de tes océans Alors comment dire Que la densité De l’air n’est que celle Pour le vol des oiseaux Quand il comble L’espace de nos lèvres D’un baiser Citadelle Imprenable
(Oeuvre de Jean Decoen – Le baiser ) Ce jour peau oser ma bouche Sur le faîte de toi Et toutes les années versées de ta joie (Un très bel anniversaire à toi mon amour)
(ILL. Betty Tompkins) Les ors frais de la nuit formol lisent leur cruauté de nos distantes offrandes mais de nous rangés dans la vase trouble de l’étang du mufle du groin de la gueule des babines des lèvres des crocs et des canines des couteaux des stylets de la langue des pinceaux des papilles disparates recousues soudées défrayer l’affront fait à nos solives de plonger dans l’Érythrée la Somalie le Sahara le désert de Gobi le plancher flux tuant de nos salives et dans l’épaisseur moite de nos élégies foutre le feu au camp violent de nos bouches seules essences du boire nous les prenant pour détracter la chronologie
(Photographie d’Amanda Charchian « Eros ») L’âme-our, le notre est celui qui se passe de commentaires de dictons, de savoir – faire d’avis de conseils de devoirs de français et même d’apprentis philosophes sans culotte ou sur la tête De nos brins débris de rien Un feu aux étoupes Mais Aux crins des herbes Embraser nos atours En faire un cœur d’atouts Je m’à peau re-prie ta langue je suis à toi comme tu es à moi Personne d’autre que nous n’a besoin de cet amour-là…
ILL. Emilia CastanedaJe Sais peu de choses en tout et pour tous mais très vite j’ai su que je saurai l’âme-our quand tu as ouvert les persiennes au mois de Février Le Savant Savoir ne m’est rien il fluctue, inonde, s’échappe revient comme les rivières saisons sèches saisons pluvieuses mais je sais pourquoi sont celles de l’été dans l’Hérault maintenant… Tu le sais aussi je n’ai pas besoin de t’en dire la raison Nous deux, seuls, le savons L’amour est co-naissance dans ses extases Et longs se peau remet des chants de phrases Au beau mille en yeux des petites simples bariolées En séchant ces en jeux qu’il nous faut bien nommer Je sais l’arum qui darde son crépis Blanc si menthe sAu par terre en épis De toi sur mon feu de lampe
ILL. Emilia Castaneda Je sais nos peaux historiques, nos millénaires, je sais que tu es mon Premier Homme, je sais nos chemins, nos entrailles retournées à vif , nos entailles, nos récits , nos récifs, je sais ton sourire au travers de tes pluies salées, je sais ton cœur de flammes au dessus de ton sexe, je sais la main de toi pour protéger, je sais que tes lèvres savent embraser, je sais l’âme-mâle que tu es
ILL. Emilia Castaneda Je sais ta peau… ses grains de café dits s’aiment innés tes petits melons d’eau verts qui tiennent chaud tout pointés à mes envers je sais ton grand reptile qui ne dort jamais vraiment contre le choc de mon fourré
ILL. Emilia Castaneda Je sais pourquoi le coton les soieries la laine les fleurs dans le lit des amants le bois des murs sans porte de ceux qui s’aiment J’y ai vu nos animaux nos forêts tapis dans l’ombre de notre chambre et qui nous regardaient nous accouplerJe sais les toiles d’asphodèle Drapées de rut délicat A lave d’anse la citadelle tes hanches mes hanches de mica
ILL. Emilia CastanedaJe sais mon buplèvre ligneux En pétales de cris Autour de ta langue A l’iris violet du milieu
ILL. Emilia Castaneda Je sais la veille sans lassitude de mes doigts dans tes cheveux que j’à dore de caresses aux griffes arrondies en lunules et peignent la gouache de ton sommeil sans déplier les coutelas Je sais la vie gît lente souple de ton souffle Confiée à ma garde jalouse de nos heurts en collier de rondes
ILL. Emilia Castaneda Je sais la saison des fruits qui roulent leurs billes de grenats entre nos crocs de fauves languides, celle des abricots du Roussillon qui éclatent de joie pulpeuse – même leur jus est d’oh rage de sucre – entre nos mains , mes seins , ton ventre, les raides ions de nos sentes fiévreuses Je sais Toi Tu sais Moi Cela est suffisant de le savoir…
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