Pablo Neruda

Pourquoi ne pas lui dire que vous savez qu’il est là, pensant à vous, se préoccupant de vous, et que vous vous sentez en sécurité ? Que vos peurs, votre passé s’évanouissent. Et que le seul espoir est la promesse d’une étreinte. Je remercie Dieu pour chaque erreur que j’ai faite, parce que chacune d’elles m’a indiqué le chemin qui m’a mené à vous.Et quand, finalement, on sera ensemble, je veux que tu m’enlaces. Enlace-moi toute la nuit. Caresse mes cheveux. Dis-moi que je suis une femme et montre-moi que tu es un homme. Jusqu’à ce qu’il y ait que maintenant. Toi et moi… et maintenant. Je ne demande pas qu’on m’explique la nuit. Je l’attends et elle m’enveloppe. Et tu es comme le pain, la lumière et l’ombre.

Pablo Neruda

*§*  *d§g* Âme-Our pablo neruda

Les Premiers Livres : Poésie et prose

Je sens s’approcher ta tendresse sur mon sol,
elle guette mes yeux, mon regard, et s’enfuit,
je la vois s’arrêter pour m’accompagner jusqu’à l’heure
de mon silence pensif et de mon désir pour toi.
La voici, ta tendresse aux yeux doux dans l’attente.
La voici, c’est ta bouche et les mots jamais dits.
Je sens pousser en moi la mousse de ta peine
qui pousse en tâtonnant dans mon cœur infini.

C’était cela s’abandonner, tu le savais,
c’était la guerre obscure du cœur contre tous,
c’était la plainte de l’angoisse émue qui s’interrompt,
l’ivresse et le désir, et se laisser aller,
c’était cela ma vie,
c’était ce qu’emportait l’eau courant dans tes yeux,
c’était ce qui tenait dans le creux de tes mains.

Pablo Neruda
Deux premières strophes du poème 4
recueil “ La frondeur enthousiaste ”, écrit en 1923 à 19 ans

*§*  *d§g* Âme-Our pablo neruda

Ode et germinations 

I

Le goût de ta bouche et la couleur de ta peau,
peau, bouche, mon fruit de ces jours rapides,
dis-moi, ont-ils été sans cesse à ton côté
à travers années et voyages, lunes et soleils
et terre et pleurs et pluie et joie
ou seulement aujourd’hui, seulement
sortent-ils donc de tes racines
de même qu’à la terre aride l’eau apporte
des germinations inconnues
ou qu’aux lèvres de la cruche oubliée
arrive avec l’eau le goût de la terre ?

Je ne sais pas, ne m’en dis rien, tu ne sais pas.
Nul ne connaît ces choses-là.
Mais quand j’approche tous mes sens
de la lumière de ta peau, tu disparais,
tu fonds comme l’acide
parfum d’un fruit,
comme la chaleur d’un chemin,
l’odeur du maïs qui s’égrène,
le chèvrefeuille du soir pur,
les noms de la terre poudreuse,
l’arôme sans fin du pays :
magnolia et buisson, sang et farine
et galop de chevaux,
comme la lune poussiéreuse du village,
le pain fraîchement né :
ah ! tout de ta peau revient à ma bouche,
revient à mon cœur, revient à mon corps
et je redeviens avec toi
la terre que tu es :
tu es en moi printemps profond :
et à nouveau en toi je sais comment je germe.

Pablo Neruda – Recueil “Les vers du capitaine” – NRF , Poésie/Gallimard

Quand tu fais terre,  je te si lent si peau attise en monde amants, amour, où tu es toutes mes saisons préférées

@toile-invisible

15 – J’aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente…

 

J’aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
et tu m’entends au loin, et ma voix ne t’atteint pas.
On dirait que tes yeux se sont envolés,
et on dirait qu’un baiser t’a clos la bouche

Comme toutes les choses sont remplies de mon âme,
tu émerges des choses pleine de mon âme.
Papillon de rêve, tu ressembles à mon âme
et tu ressembles au mot : mélancolie.

J’aime quand tu te tais et que tu es comme distante.
Et tu es comme plaintive, papillon que l’on berce.
Et tu m’entends au loin, et ma voix ne t’atteint pas:
laisse-moi me taire avec ton silence.

Laisse-moi aussi te parler avec ton silence,
clair comme une lampe, simple comme un anneau.
Tu es comme la nuit, silencieuse et constellée.
Ton silence est d’étoile, si lointain et si simple.

J’aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
distante et dolente, comme si tu étais morte.
Un mot alors, un sourire suffisent,
et je suis heureux, heureux que ce ne soit pas vrai.

 

Pablo NERUDA – Recueil : “Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée

Quand je chemine, ardente silencieuse, sur la réminiscence de ta voix…

@toile-invisible

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