Anne-Marie Derèse

Anne-Marie Derèse

Je suis imparfaite

Je suis imparfaite
comme une forêt torturée.
Mes mains s’ouvrent
pour recevoir la pluie.

Mon esprit éclate,
laisse glisser ses fantasmes
jusqu’à la mer.
Les nuits de pleine lune,
les marins sentiront monter
des désirs étranges et sauvages.

© Anne-Marie Derèse

Extrait de La nuit s’ouvre à l’orage, Le cherche midi éditeur, Paris, 1990


L’OFFICIANTE

L’officiante a des cris dans le regard.
Elle est si seule, si fragile
et toute puissante.
Des serpents glissent
dans ses fleurs sucrées.
L’iguane sort de ses mots.
Les désirs sont des mouches bleues
cherchant la chair.

Tout est calme,
beaucoup trop calme.

Extrait de La nuit s’ouvre à l’orage, Le cherche midi éditeur, Paris, 1990


LA PRIÈRE À LA ROSE

Je veux être livrée à moi-même,
poings liés, en chemise,
faire amende honorable,
me remettre entre mes mains.

Je m’accuse d’avoir renié
les symboles, les signes,
l’iguane, ce dieu en armure.
Je ne veux de combat
que le combat du bleu
à sa dernière parade
avant la nuit.

Je m’accuse d’avoir remis à demain
l’amour, le poème, l’enfant,
la lettre, le crime parfait
que je devais faire le jour même.

Je me déclare coupable,
mais je me donne l’absolution
avec la prière à la rose
récitée sept fois
avant de m’endormir.

Extrait de Le secret des portes fermées, Éd. Belfond, Paris, 1994


En amour, disait-il, ne parlons pas,
n’ayons que le silence pour couvrir notre nudité,
un isolement,
l’absence de temps,
la perte de conscience.
rien que des mains pour mordre les vagues,
que des lèvres ouvertes sur les gouffres,
atteindre les abysses et lécher les soleils.

Rien que des langues pour tracer les chemins,
que des hanches pour articuler un langage,
rien que des oreilles pour capter le ressac,
des genoux pour l’imploration,
rien que le regard,

rien que tes seins pour la soif.


Un ami
C’est une pomme bien ronde
A garder dans les mains
Les jours pointus,
Les jours gelées,
Les jours pendus à un clou
Comme un manteau mouillé,
Les jours à ne pas mettre
Un chien dehors.

Un ami,
C’est une pomme bien ronde
A garder dans les mains
Un soir plus triste qu’un autre soir.

Anne-Marie Derèse


Je suis une enfant des fées d’Anne Marie Derèse

 Je cours dans le vent,
Les branches m’agressent.
Je cours, je ne sens rien
Ni les griffes aiguës des épineux,
Ni le froid de novembre.
Mes cheveux flottent
Comme un drapeau.
Mes pensées s’entrechoquent,
Mon souffle s’affole.
Je ne veux pas que l’on m’enferme.
J’ai peur des murs et des barreaux.
Je suis une enfant des fées.
Je voudrais m’envoler,
Êtreun oiseau.
Je cours, je cours,
Je bats des ailes,
Je vole, oui je vole, je…
Je tombe…
L’herbe me recueille.

 Je ne veux pas que l’on m’enferme.
Je suis une enfant des arbres,
Je suis une enfant du bleu,
Ne me coupez pas les ailes.

Anne-Marie Derèse

Une réflexion sur « Anne-Marie Derèse »

  1. Je n’arrive pas à comprendre l’Architecture de votre site. J’ai eue tout le mal du monde à retrouver Anne Marie ( vous m’aviez glissé le lien dans un mail ) . Sans lui impossible d’y arriver… je dois être archi nulle !!

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