Nous d’Eux nus

COMMENT ÇA S’OUVRE UN CORPS

comment ça s’ouvre un corps comment
le bout du cœur pointe à la langue
s’inventent alors de nouveaux gestes
ponctués par un souffle neuf
afin de creuser le sillon

sur la terre de nos poèmes
le temps parfois devient léger
il suffit de le prendre aux mots
et le voilà rythme ou mesure
comme s’il changeait de nature

chaque vers joue à la sirène
pour arrêter la vie passante
ou regarde vieillir sa main
pendant que sourit le visage
qui veut séduire le destin

il nous faut du désir encore
pour fêter à deux la tendresse
tant que la faux fauche à côté
ce qui pousse au bout de nos doigts
reste aussi vif qu’à ses débuts

nous allons sur le chemin d’encre
il ne mène qu’au corps d’amour
ce n’est pas une forme en soi
c’est l’espace tout alentour
devenu chair de nos pensées

quand le soir n’est plus que ténèbres
la lumière nous vient d’en bas
c’est la belle sueur du noir
et goutte à goutte elle fait voir
que tout change et ne se perd pas

que tout change au lieu de se perdre
ainsi fait le vocabulaire
qui nomme ceci par cela
puis fait du neuf avec du vieux
dès que la langue est amoureuse

Édith Azam | Bernard Noël – Retours de langue

Et-cris en symbiose de ce jour en peau-lit , en voix mutuelles de garage, instants tannés des mots amants de l’Âme-Our avec toi

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