des raisons au crépuscule

Et quelle hérésie
s’en remettre à l’automne
Aux longues langues
de bitume apprivoisé !

Dans la lueur vaccillante
partir en dérive
moi, sur des sens
qui mentent
l’enfance
racler la dune,
douce d’eau
vive vivre vite
cœurcalfeutrer
racines rongées
dans des sacs
sens terre, rangées
dans des tic tacs

Alors que sur la lande
En rouges bandes
le ragout de ton sang
palpite à ma langue
Ad liberre moi exsangue
Rock moi en pensant
encorne accorte
toujours à tes prairies
parfumées de fleur
ouvertes au soleil
des caresses
et aux doux doigts
de vent

© Gilfy – Temps du rêve

Guyane

Sous la claire bannière d’un front décidé,
Fière bastion en exil au pays des nuages
Savourer l’élixir d’une épaule dénudée,
Suivre cette frontière, ligne de partage
D’un bustier défenseur des plaines sauvages

Hésiter aux tendres contreforts renflés
Délicieuse naissance d’inselberg aréolés
Savourer le mystère d’une aisselle discrète
Et partir dans les circonvolutions secrètes
En prémices d’une chasse aux trésors cachés
Sur la lande tatouée d’une nuque détachée

Enfin glisser sous le couvert des frondaisons
Suivre le long sentier vertébré des frissons
Parcourir les mamelons d’une jungle torride
Comme la pluie, infiltrer les vallons humides
Pénétrer, s’insinuer dans chaque cratère
Raviner chaque replis offert par cette terre
des délices épicés et des amours étoilés

© Gilfy – Temps du rêve

Vivre dehOrs

Je relis vos mots de lumière et même si je sais que nous ne vivrons pas mille ans.
Peu m’importe,
Car ce ne sera pas vivre comme une ombre

J’avance sur ce chemin escarpé, longé de bois noirs, des précipices du non dit, de l’oubli,
Peu m’importe
Je regarde le ciel et j’ouvre les bras vers nous,

Ne sommes nous qu’atomes molécules matière finie
Peu m’importe,
Je vis dehors de moi,

à l’endroit
où je vous retrouve.

© Gilfy – Temps du rêve

Elle, l’été

Melon, salade, fraise abricot
elle est à ma bouche
délice pour toutes les saisons

et ce que mes yeux voient,
je ne peux plus ne pas le voir,
Les odeurs enivrantes du printemps
fixent les couleurs pour tout l’été
et ce que le vent immuable
écrit sur ma peau

c’est qu’on ne décide jamais

de sa faim.

© Gilfy – Temps du rêve

Elévation

Ne sommes nous qu’icebergs dérivants, immergés dans l’eau sombre et glaciale des jours de labeur ?
Je crois que la seule chose qui me sauve de ce destin absurde c’est quand même tout ce soleil qui me vient de toi.
Bien sûr tu me faites fondre, érodes mon corps de glace, mais finalement, n’est-ce pas notre destinée que de finir libres parmi les nuages ?
C’est en tout cas le destin que je choisi, et ne veux tous les jours, que me réchauffer à ton corps brûlant et ton âme enflammée.

© Gilfy – Temps du rêve

Cosmologie

Vous, le  jardin,
Les fleurs, les animaux,
tous les bruits de la nature,
l’eau des ruisseaux, des fleuves,
des océans,
les abysses, vous,
et vos lèvres fertiles.

Tout se touche,
est lié à tout
Sous vos pieds,
la terre, le feu des volcans,
le soleil, la chaleur des brasiers,
encore vous, la lumière,
votre souffle brûlant
sur moi.

Les planètes venus mars
Vous au centre,
la galaxie autour,
tout tourne
je chavire vers vous,
les étoiles le ciel,
les rapaces tournant en rond,
la courbe de vos seins,
les collines de vos hanches,
et le mystère
des mondes sous-terrains,
Tout est relié, lié
comme mon âme
révélée, à vous.

Vous qui êtes
toutes les fleurs
tous les chemins.

© Gilfy – Temps du rêve

Ames sauvages

Allons courir nus sur l’herbe frémissante
Parcourir les chemins obscurs oubliés,
Laissons nos corps libérés se délier,
Fouler la terre humide et odorante.

Sentir le pouls enivrant de nos proies
Suivre les pistes chaudes de leur effroi
Plonger dans l’eau glacée des torrents
Nous ébattre, bondir sur la steppe

Viens louve, viens hurler à la lune
Hurler ton plaisir à nos étreintes
De ma morsure à ton échine,
Hurler ton plaisir de m’accueillir
De ma semence au fond de toi

Viens hurler à la lune rousse
que la terre sache oh combien
tu es forte, belle, et sauvage.
© Gilfy – Temps du rêve

Pour la toile invisible que nous tissons chaque jour