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Mond’eux résolus sillons

Rigolhard 26

(Illustrateur inconnu)

Délivrance…

(contre la langue de bois du dé-confinement)

le ciel est plein de soleil

mais la vie est noire

qu’est-ce que j’attends ici avec

des gens immobilisés sur leurs lits d’hôpital ?

des gardes postés aux portes ?

des policiers qui contrôlent tout ?

d’être prisonniers ?

et étrangers ?

qu’est-ce que j’attends ici avec les morts ?

que tout soit en ordre dans la banalité du mal ?

de promener mes idées meurtries en laisse

au bout d’autorisations absurdes

avec la délation qui rode aux bouches d’ombre des rues ?

pourquoi se taisent nos voix ?

où sont la sensualité et la fraîcheur

du désir de libérer les êtres ?

créons un autre monde que celui de la désolation et la tyrannie

un autre monde existe dans nos rêves, notre volonté et notre art…

Garderons-nous la vérité en nous silencieuse afin de collaborer aux mensonges ?

accepterons-nous d’être encore réduits au silence, d’être salis, maltraités, interdits ?

témoignons et laissons une empreinte contre l’occupation des consciences et l’oppression des corps,

devenons des symboles libres, des êtres libres.

nous avons l’arme redoutable du poème qui parle au plus profond de nous,

se dresse comme un rocher face aux pleutres de l’horreur quotidienne.

2020 une épouvante virale dévaste le monde,

sommes-nous condamnés à la ruine de nos existences

les justifier ?

pendant que la nuit s’abat sur le monde

tous les jours sont occupés

à soigner

à laver

à décontaminer,

à approvisionner

à livrer

nous sommes sortis de l’illusion depuis longtemps

et n’avons pas à expier les mauvais choix de la mondialisation.

toute la beauté du monde, vigie

montre-la,

sois fou amoureux de la vie,

cette folle maîtresse

vie imprévisible

vie étonnante

vie capricieuse

vie paradoxale aux confluences du désir et de la raison

vie ancienne et fidèle où passent tant d’ombres

vie accueillante et douce où flânent tant de joies

nous, piétons de la vie, amoureux de la beauté

avançons avec la vie, entourés d’étoffes et de parfums

vivons intensément dans les bras amoureux

regardons la vie comme un printemps radieux

une fête insolente et non conformiste

refusons le joug qui fait mourir l’amour !

La vie est une femme,

toutes les femmes,

les mères,

les filles,

les sœurs,

les femmes sensuelles,

les femmes anonymes entrevues un instant.

À la vie, tressons des chants d’amour,

des vers passionnés

de la tendresse et de l’humour lucide,

de la tristesse et de l’espérance

soyons amoureux dans l’étreinte jusqu’à la lumière de l’aube

refusons les ténèbres et le moulinet de la mort

préparons-nous à la vie intense et au monde plus dense….

nous nous promènerons,

et sous le masque, nous offrirons généreusement nos sens

yeux brillants

et nos bouches jouissant de baisers futurs.

©Nicole Barrière – 10/04/2020

http://www.francopolis.net/rubriques/gueuledemots-N.Barriere-MarsAvril2020.html