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Cette Nuit-là…

La nuit

j’abandonne toute pudeur
J’ouvre à deux battants

mon soleil
Je perds la tête
Je suis en proie

à une folle ardeur
Je me gonfle de vagues

telle une mer

au plus fort de son flux
Mes tempêtes se déchaînent

et se suivent
Ma lumière point
Je brille

comme l’éclair courant

derrière le nuage
Je scintille

comme un lustre

de la lumière divine
Je persévère dans l’erreur
Maîtresse de la Création

je me hisse sur le trône

et sur le sein de l’étoile

je consomme ma folie et mes arts

Sur toutes mes étendues

et jusque dans mes souterrains

le roi de la forêt rugit

Mon lion rugit d’ amour

pour l’étoile rouge

qui transperce les horizons

Malika Assimi – Poétesse marocaine

Peaurnographes

(ILL. Betty Dodson)

En Apaches s’échapper
De nos oueds doués
Tissus si tus
Lin du Nil
Nous lier d’airain
Casser le ressac
A nos lèvres sans cervelle
Les baisers reçus sucer
Des rêves sévères
S’emboucher à coups doux bleus
Dans l’arène
Ohhh… frire
Aux feux rire
Ô faire et des fers
Au froid de nos Enfers
Joug y sangs
Deux nous
Un nu
Une nue
Unis si nu
Des fautes de peaurnographes
Dans la course des baisers recrées…

De la tête aux pierres

(Brancusi – Le Baiser – Cimetière de Montparnasse)

Elle vit dans le long bloc un poème résolument moderne, une déclaration d’amour à la vie, à l’ardeur, à l’union. Elle fut frappée par cette sculpture naïve, presque enfantine, ou brute dans son rendu, qui vous pénétrait instantanément du sentiment de la passion absolue. On était loin des visages éplorés, des drapés, des tourelles, des ferronneries. On était dans un ailleurs, celui des êtres liés par l’indicible des sentiments. Camille prit le temps d’observer chaque détail. C’était un bloc carré, trois fois plus haut que large. Un bloc de calcaire gris un peu grossier parsemé d’éclats noirs. Les amants y étaient pris entiers. Nus. Enlacés étroitement. Fondus l’un d’en l’autre. Deux amants assis, face à face, leurs bras encerclant tendrement l’autre, sans pression, sans excès. Pieds à plat, cuisses repliées, jambes de l’homme enserrées avec douceur, imbriquées avec naturel entre celles de la femme. Quelques détails, à peine suggérés : une chevelure longue séparée en bandeaux dévalant le dos de la femme, le haut relief des bras, le doux rebondi du sein. Ils sont là, front contre front, regard contre regard, nez contre nez, lèvres à lèvres. C’est un baiser immense. Un amour absolu. Un acte sexuel intense et innocent à la fois. Évident.

Sophie BROCAS – « Le Baiser »

Bouchées de fleur

(ILL . Agnes Cecile – Sentless Flowers)

(…)
Mon âme se fond du désir
Dont elle est ardemment pleine
Et ne peut souffrir à grand’peine
La force d’un si grand plaisir.

Puis, quand s’approche de la tienne
Ma lèvre, et que si près je suis
Que la fleur recueillir je puis
De ton haleine ambroisienne,

Quand le soupir de ces odeurs
Où nos deux langues qui se jouent
Moitement folâtrent et nouent,
Éventent mes douces ardeurs,

Il me semble être assis à table
Avec les dieux, tant je suis heureux,
Et boire à longs traits savoureux
Leur doux breuvage délectable.

Joachim du Bellay – Baiser

Nos Manies Festes

(ILL. Op Freuler)

De nos corps confondus s’élève une odeur de folie;

Tes baisers ont fait chanter toutes les cordes

De mon corps tendu comme une harpe,

Et je m’ouvre en un suprême appel

Pour recevoir l’offrande de ton amour…

Fais que son Désir naisse et renaisse

Fais qu’il m’étreigne, palpitante,

Et que je roucoule comme la colombe.

Fais que nos nuits consacrées au divin baiser

Laissent à nos lèvres une saveur d’éternité.

Berthe de Nyse – Recueil « Les Litanies de la chair »