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D’air d’ailes

Etrangement quand je te laisse,
Dans le silence des forêts
Lèchées du vent, perdues au ciel
Quand je te laisse
Les arbres dressés,
Comme des chevaux fou,
Passent la dune de tes seins
Prennent la mer,
Continuent de courir
Sur la rivière de ta voix,
Et le ventre de tes océans
Alors comment dire
Que la densité
De l’air n’est que celle
Pour le vol des oiseaux
Quand il comble
L’espace de nos lèvres
D’un baiser
Citadelle
Imprenable

Périple phases

Poser ces pointillés,
Depuis la marge
Deminant ta ligne
Effaçant recommencant,
Pesant la puissance élastique
Du verbe doux, dur,
Intransigeance
Sur les berges
Maritimes du faune’aime
Faire déposition du nom
Dans l’air d’impatience
Devenu royaume silencieux
La langue peut elle seule
Faire œuvre autographe
Alors à tes lèvres
Laisser en dépôt,
Des aluvions de consonnes
Les embrions de tous
Mes baisers à venir

Peaurnographes

(ILL. Betty Dodson)

En Apaches s’échapper
De nos oueds doués
Tissus si tus
Lin du Nil
Nous lier d’airain
Casser le ressac
A nos lèvres sans cervelle
Les baisers reçus sucer
Des rêves sévères
S’emboucher à coups doux bleus
Dans l’arène
Ohhh… frire
Aux feux rire
Ô faire et des fers
Au froid de nos Enfers
Joug y sangs
Deux nous
Un nu
Une nue
Unis si nu
Des fautes de peaurnographes
Dans la course des baisers recrées…

D’êtres acteurs

(ILL. Betty Tompkins)

Les ors frais de la nuit formol lisent
leur cruauté de nos distantes offrandes
mais de nous rangés dans la vase trouble de l’étang
du mufle du groin de la gueule des babines des lèvres des crocs
et des canines des couteaux des stylets de la langue des pinceaux des papilles
disparates recousues soudées défrayer l’affront fait à nos solives
de plonger dans l’Érythrée la Somalie le Sahara le désert de Gobi
le plancher flux tuant de nos salives
et dans l’épaisseur moite de nos élégies
foutre le feu au camp violent de nos bouches
seules essences du boire
nous les prenant pour détracter la chronologie

Bouchées de fleur

(ILL . Agnes Cecile – Sentless Flowers)

(…)
Mon âme se fond du désir
Dont elle est ardemment pleine
Et ne peut souffrir à grand’peine
La force d’un si grand plaisir.

Puis, quand s’approche de la tienne
Ma lèvre, et que si près je suis
Que la fleur recueillir je puis
De ton haleine ambroisienne,

Quand le soupir de ces odeurs
Où nos deux langues qui se jouent
Moitement folâtrent et nouent,
Éventent mes douces ardeurs,

Il me semble être assis à table
Avec les dieux, tant je suis heureux,
Et boire à longs traits savoureux
Leur doux breuvage délectable.

Joachim du Bellay – Baiser