(Brancusi – Le Baiser – Cimetière de Montparnasse)
Elle vit dans le long bloc un poème résolument moderne, une déclaration d’amour à la vie, à l’ardeur, à l’union. Elle fut frappée par cette sculpture naïve, presque enfantine, ou brute dans son rendu, qui vous pénétrait instantanément du sentiment de la passion absolue. On était loin des visages éplorés, des drapés, des tourelles, des ferronneries. On était dans un ailleurs, celui des êtres liés par l’indicible des sentiments. Camille prit le temps d’observer chaque détail. C’était un bloc carré, trois fois plus haut que large. Un bloc de calcaire gris un peu grossier parsemé d’éclats noirs. Les amants y étaient pris entiers. Nus. Enlacés étroitement. Fondus l’un d’en l’autre. Deux amants assis, face à face, leurs bras encerclant tendrement l’autre, sans pression, sans excès. Pieds à plat, cuisses repliées, jambes de l’homme enserrées avec douceur, imbriquées avec naturel entre celles de la femme. Quelques détails, à peine suggérés : une chevelure longue séparée en bandeaux dévalant le dos de la femme, le haut relief des bras, le doux rebondi du sein. Ils sont là, front contre front, regard contre regard, nez contre nez, lèvres à lèvres. C’est un baiser immense. Un amour absolu. Un acte sexuel intense et innocent à la fois. Évident.
L’âme-our, le notre est celui qui se passe de commentaires de dictons, de savoir – faire d’avis de conseils de devoirs de français et même d’apprentis philosophes sans culotte ou sur la tête De nos brins débris de rien Un feu aux étoupes Mais Aux crins des herbes Embraser nos atours En faire un cœur d’atouts Je m’à peau re-prie ta langue je suis à toi comme tu es à moi Personne d’autre que nous n’a besoin de cet amour-là…
Je Sais peu de choses en tout et pour tous mais très vite j’ai su que je saurai l’âme-our quand tu as ouvert les persiennes au mois de Février Le Savant Savoir ne m’est rien il fluctue, inonde, s’échappe revient comme les rivières saisons sèches saisons pluvieuses mais je sais pourquoi sont celles de l’été dans l’Hérault maintenant… Tu le sais aussi je n’ai pas besoin de t’en dire la raison Nous deux, seuls, le savons
L’amour est co-naissance dans ses extases Et longs se peau remet des chants de phrases Au beau mille en yeux des petites simples bariolées En séchant ces en jeux qu’il nous faut bien nommer
Je sais l’arum qui darde son crépis Blanc si menthes Au par terre en épis De toi sur mon feu de lampe
ILL. Emilia Castaneda
Je sais nos peaux historiques, nos millénaires, je sais que tu es mon Premier Homme, je sais nos chemins, nos entrailles retournées à vif , nos entailles, nos récits , nos récifs, je sais ton sourire au travers de tes pluies salées, je sais ton cœur de flammes au dessus de ton sexe, je sais la main de toi pour protéger, je sais que tes lèvres savent embraser, je sais l’âme-mâle que tu es
ILL. Emilia Castaneda
Je sais ta peau… ses grains de café dits s’aiment innés tes petits melons d’eau verts qui tiennent chaud tout pointés à mes envers je sais ton grand reptile qui ne dort jamais vraiment contre le choc de mon fourré
ILL. Emilia Castaneda
Je sais pourquoi le coton les soieries la laine les fleurs dans le lit des amants le bois des murs sans porte de ceux qui s’aiment J’y ai vu nos animaux nos forêts tapis dans l’ombre de notre chambre et qui nous regardaient nous accoupler
Je sais les toiles d’asphodèle Drapées de rut délicat A lave d’anse la citadelle tes hanches mes hanches de mica
ILL. Emilia Castaneda
Je sais mon buplèvre ligneux En pétales de cris Autour de ta langue A l’iris violet du milieu
ILL. Emilia Castaneda
Je sais la veille sans lassitude de mes doigts dans tes cheveux que j’à dore de caresses aux griffes arrondies en lunules et peignent la gouache de ton sommeil sans déplier les coutelas
Je sais la vie gît lente souple de ton souffle Confiée à ma garde jalouse de nos heurts en collier de rondes
ILL. Emilia Castaneda
Je sais la saison des fruits qui roulent leurs billes de grenats entre nos crocs de fauves languides, celle des abricots du Roussillon qui éclatent de joie pulpeuse – même leur jus est d’oh rage de sucre – entre nos mains , mes seins , ton ventre, les raides ions de nos sentes fiévreuses Je sais Toi Tu sais Moi Cela est suffisant de le savoir…
Transe humide de mon troupeau de cigales à l’assaut de ta peau Enéide entrer le cheval de ton mâle en deux trois putsch de ma bouche pâturer l’été Le notre sexclusif au sommet du sentier
Ce matin j’ai mâchonné un nuage de lait dans mon café mousse buvant des yeux le monde des un(e)s et dictées au creux des feuilles d’arbres re-vie citées
Puis j’ai fait prendre l’air de ma gorge à la panthère pensant que c’était un chat et de ses griffes courbes dans le feu trempé j’ai incendié la bouche des oiseaux de toi