J’ai lavé le ciel,
dévoré les comètes
toutes les bêtes
et dans les abysses
précipité les hordes
coupé les cordes
des pianos des violons
brûlé les maisons
et toutes les lettres
de l’alphabet mélangé
les couleurs du jour
et de la nuit
dragué la mémoire
retiré les ampoules
mangé la lumière
avec tous ses saints
rongé la faim les doigts
les tibias et la foi
jusqu’à qu’il ne reste rien
de rien
et dans ce rien
qui m’habitait
qui m’entourait
tu étais là,
unique et infinie.
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Anna Świrszczyńska
Anna Świrszczyńska
« Et moi, je ne suis plus ni un corps ni un homme
Et je ne suis pas encore un rêve »
I’ll Open the Window
Do not come anymore.
I Knocked My Head against the Wall
Ana Ristovic
Carte Postale désespérée
On ne collera sur moi aucun timbre,
personne ne m’enverra par la poste,
Air Mail se décollant de moi
comme de mon passeport l’opportunité d’aller à l’étranger
qui me conduirait juste
dans un putain de trou du cul.
Parce que je n’ai à offrir aucun paysage
ni le coucher du soleil à encadrer
ni les roses artificielles souhaitées pour le vase.
J’indique peu de choses, c’est presque rien.
Un texte trop exigeant
trop long, trop compliqué,
c’est tout ce que je peux offrir,
au verso
de la carte postale que personne
ne voudrait garder dans sa poche.
Parce que transporter autant de mots avec soi
ce serait comme transporter des pierres
impropres à la construction d’une maison
ou un quelconque tombeau.
Seule la date de péremption
me réduirait enfin
au recyclage.
traduit par Mirjana Robin-Cerovic
Autour de la chose
Nous voilà, femmes indépendantes.
Dans l’attente d’un nouvel amour
notre respiration est asthmatique. Gavées de pilules
de promesses trahies. Plongées dans des rêves troubles.
Vingt-quatre heures par jour nous faisons l’amour
en pardonnant à la migraine du fait de son genre féminin.
Indépendantes. A nos hommes
nous préparons des plats auxquels nous ont initiées
leurs prédécesseurs.
Des macarons en forme de clitoris.
Du ketchup qui s’épand comme le sang menstruel
promettant juste le léchage de l’assiette.
Mais nous croyons encore aux arcs triomphants
s’élevant entre le lit
et la table de cuisine.
Nous leur passons la musique que nous écoutions
au moment de perdre virginité et enfance.
De la lingerie de séduction
mélancoliques nous gardons les échantillons
portant la trace invisible d’autres spermes.
Nous roulons des hanches comme tourne le moulin :
après un certain temps il ne s’en écoule
rien qu’un peu de bile collante.
Enfin nous disons que nous ne croyons plus
à l’air partagé
celui qui réunirait les deux bouches
bien que le plus souvent nous en avons le souffle coupé.
Et nous disons que la centrifugeuse du lave-linge
nous sert uniquement lorsque nous faisons
joujou dessus en vue d’un bon orgasme.
Puis, dans le programme du trop-plein et de l’essorage
à la place des vêtements, nous fourrons souvent
morceau par morceau, notre peau laminé.
Nous, femmes indépendantes. Nous censurons
nos paroles trop conciliantes.
Nous soutenons la révision des sentiments, et la théorie
d’une Eve innocente créée en premier
avec Adam mordant dans la pomme empoisonnée
car il désirait que Dieu
change ce serpent en deux phallus :
il pensait, le pauvret, qu’un seul
serait bien insuffisant.
Indépendantes, disais-je, plus que jamais.
Mais au long des nuits solitaires, dans la vulve étroite
nous posons de plus en plus souvent notre petit doigt miraculeux
comme si nous chargions une balle dans le canon d’un fusil
destiné à ne jamais faire feu.
Puis nous sourions, peinées, dans un rêve sans rêves.
Avec la main en lieu sûr, tant qu’elle tourne
autour du zéro moelleux.
Mirjana Robin-Cerovic
La chose
Elle rayonne. Elle te voit
là où tu ne t’es pas encore vu.
Et retient en mémoire ce que tu délaisses.
Sous le nez elle te le remet, tendrement,
avec des pincettes. Presque invisible.
Et, tiens, soudain, une masse.
Lettre à la maîtresse, au chef, au copain,
du pareil au même. Plus souvent tu écris,
plus l’on ne te retrouve que des virgules
s’il en reste encore quelques-unes.
Plus tu écris et plus augmente en toi
la peur de rencontrer quelqu’un.
Mais tu as dépeins les parties de ton corps,
et tu avais déjà dit je t’aime.
Ton visage se reflète sur l’écran
à la manière d’un cliché de radiographie.
Rien que des os.
Et ce qu’avait été le regard se mesure
par la profondeur des trous noirs.
De minuscules enfants y poussent
de la taille d’un grain de phosphore qui
bien entendu, tout comme les couches, rayonne.
Et déjà l’odeur du souffre se repand.
traduit par
Mirjana Robin-Cerovic
poets
Marguerite de Valois
Louise Michel
Marie Nizet
Anna de Noailles
Cécile Sauvage
Louise de Vilmorin
Claudine Chonez
Thérèse Plantier
Gisèle Prassinos
Anne Perrier
Joyce Mansour
Anise Koltz
Liliane Wouters
Claude de Burine
Annie Salager
Joceline Curtil
Marie-Anne Bruch
Anna Świrszczyńska
« Et moi, je ne suis plus ni un corps ni un homme
Et je ne suis pas encore un rêve »
Parmi les recueils de poèmes d’Anna Świrszczyńska, on peut citer :
- 1970 : Vent
- 1972 : Je suis une femme
- 1974 : En construisant la barricade
- 1978 : Heureux comme la queue du chien
- 1985 : Douleur et Joie
- 1996 : Conversations avec mon corps
Je marche
Je marche vers la vie,
le souffle des marées,
tes dunes aréolées,
Je marche vers la vie
de tes prairies fécondes
de ton océan blanc,
vers tes futaies profondes.
J’ai lavé toute certitude
et banni la folle solitude.
le mirage des mots creux
et la peste des jours glorieux
je marche vers la vie
ton rire d’oiseau de pluie
j’irai danser sur toi
parce que je le sais
le froid de la nuit déjà
S’annonce à grands pas.
Cannot marry me
I’m not psycho
I’m not schyzo
No fear Baby
I’m not insane
You can take me for a ride
On the no-exit lane
No fear
Sure I’m completely crazy
About Your cold anger
And Your warm deep blood
About Your secret insanity
And all your certainty
No fear baby
I never lose control
I’m not psycho
I’m not schyzo
But You cannot marry me
Cause this world is
Calcul
J’ai divisé, ajouté, retranché,
À la fin il ne restait que toi.
Oubli
Si jamais il advenait,
Que ton souvenir soit en terre,
La lumière de tes yeux en cendre.
J’étalerais ma peau exsangue,
Sur le sel des jours heureux,
Je mangerais ta chair morte,
J’enchainerais tes frères,
J’habiterais les égouts,
J’érigerais des prisons,
Pour les rêves d’enfants,
Souderais mes dents,
Coudrait mes yeux,
Si jamais, un jour,
j’oubliais de t’aimer.
Comme une ombre sur la terre
Il y a ces moutons dans le ciel, ce soleil qui passe par la fenêtre, et mon ombre sur cette table.
Est-ce qu’elle aussi, sait qu’elle pourrait disparaitre de manquer de lumière Est-ce qu’elle aussi a une pensée pour toi, et se demande, serais-je vivant sur terre si tu n’y étais pas ?
Apache blessing
May the sun bring you new energy by day,
May the moon softly restore you by night,
May the rain wash away your worries,
May the breeze blow new strengh into your being.
May you walk gently through the world and know its beauty all days of your life.
I feel beauty through the human tree
Remember the sunshine of your eyes
The apeal of the warm of your body
But for me that’s too late,
All is ashes in my mouth,
No light, coldness and deep darkness,
I’m now walking through the valley
of the shadow of death
Since I turn my steps away from you.