« Homme qui es venu jusqu’à moi, tel le fleuve descendant, sur un voilier planté d’un mât de lettres, quand passeras-tu les colonnes de la mer ? Rien ne te brûlera qui ne me brûle aussi, plus vivants que jamais nous goûterons la chair du verbe au centre du ciel. Nos bouches se mordront, nous nous couvrirons avec l’herbe de sang bleue au pied des grenadiers d’Iran. De notre nuit de lumière que les passeurs de mots auront ralliée coulera la multitude. Dans le fond de nos gorges, les déserts jailliront en saisons orangées, vertes, framboisées. Nos corps épuisés sur les cailloux d’écume, pour finir marqueront sur l’aube les langages perdus. »
Et je viendrai,
pour le café,
ton baiser porcelaine,
les doigts croisés,
les lèvres croisées,
Je viendrai,
pour le soleil,
la pluie, la boue,
la peau ridée,
les baisers tachés
pour le bleu bordé,
pour le rose,
à tes joues
à tes fesses,
pour être plié
en quatre dans tes doigts
en mille goutelles
de plaisir sur ta peau
sous ta peau,
Oui je viendrai amour,
pour le noir du café
au doux de ta bouche,
Le jaune du miel épicé
coulé de ta ruche
pour le moi sauvé,
peau rouge,
nu libéré
dans tes bras.
J’abdique devant la lumière
le doux cristal des sarments
et toutes les éruptions fol-lière,
à la terre mouillée des amants
la boue et le gravier des mues
Je me rends à toutes les vérités nues
où je te retrouve
Je suis
cendre
salive grifon
La faim
de tes os
de ta chair
J’arpente
La terre
Comme un feu
ardent
Je suis
Un soufle
Un murmure
Le dernier
Soleil
Le premier arbre
Ruisseau
Rocher
Née
Avec la forme
de ton coeur
Que ferai-je cet automne ?
Lire, écrire peut-être.
Chanter, mal !
danser, boire
m’enivrer
Oui tout ça
Peut-être,
Mais réver de toi,
Merveille ensolleillée,
Au frisson d’un baiser
sur tes lèvres effleurer
Rien ne saurait m’en empècher.
Elle est le ciel lavé,
Et le mystère blanc protégé
Ce lien invisible tissé
dans les racines du temps
La douceur oubliée
dans tes cheveux
La jonque de ses bras
Amis, la constelation
Du voyage où tu reposes.
Lâcher, partir,
Suivre tous tes parallèles
de dentelle
Tes tropiques torrides
de peau parfumés
S’abandonner
à l’envie d’éssaimer
sur la fleur de tes monts aréolés
De partir en voyage
sur tes coteaux oppressés
et prendre possession
de tes méridiens ovales
Équateurs magnétiques
De chairs enflammées
L’endroit où nous sommes
Terre écartelée
Tumulte des cascades
Toi et moi mélangés
Le feu insatiable
Dans la coupe de nos mains
« l’avoir vécu »
Le vivre arrêter le temps
Sur cet hier enflammé
Être ce présent
L’un pour l’autre
Vivre et découvrir
Savourer
Déguster
Carresser lècher
sucer, mordre
Enflamer vos coteaux
De morsures kérosene
Vous incendier
Vous rendre plus chaude,
Plus liquide,
Plus pleine de
ma langue
dans votre bouche
De ma langue glissant
dans votre con,
Moissonner vos lèvres,
Vous rendre étincelante
brûlante d’envie,
de vent furieux
des vagues, du ressac
Vous écraser
Arracher votre armure
Vous démembrer
Vous dévorrer
Écarter vos chairs
Pénétrer vos entrailles
Jusqu’à la dissolution
L’absolution
Mais,
Vous savez aussi
Que ce n’est pas possible
Pas encore.
Qu’il faudra d’abord
vivre ce rêve
brûlant, encore
Tous ces jours
Parsemés de fleurs odorantes
Débordantes de couleurs
De soleils impatients
jusqu’à l’insassiable faim
Ce vertige douloureux
Ce vide obsédant
Ce précipice
Viens, fille du vent,
Partons dans les torrents,
Laissons nous dépolir
Devenir transparents
N’être plus que lumière
Que nos chairs décapées
et nos corps dépecés
n’aient plus de frontière.
Que nos liqueurs, fiente foutre cyprine,
mélangées aux algues et aux galets
soient le festin du monde
qui ne vivra que par nous
pour les siècles des siècles.