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Mots et cris de nos bouches

Idylle_ Wojtek Siudmak

(Ill. Wojtek Siudmak)

« Homme qui es venu jusqu’à moi, tel le fleuve descendant, sur un voilier planté d’un mât de lettres, quand passeras-tu les colonnes de la mer ? Rien ne te brûlera qui ne me brûle aussi, plus vivants que jamais nous goûterons la chair du verbe au centre du ciel. Nos bouches se mordront, nous nous couvrirons avec l’herbe de sang bleue au pied des grenadiers d’Iran. De notre nuit de lumière que les passeurs de mots auront ralliée coulera la multitude. Dans le fond de nos gorges, les déserts jailliront en saisons orangées, vertes, framboisées. Nos corps épuisés sur les cailloux d’écume, pour finir marqueront sur l’aube les langages perdus. »

Sylvie Saliceti

Et je viendrai

Et je viendrai,
pour le café,
ton baiser porcelaine,
les doigts croisés,
les lèvres croisées,
Je viendrai,
pour le soleil,
la pluie, la boue,
la peau ridée,
les baisers tachés
pour le bleu bordé,
pour le rose,
à tes joues
à tes fesses,
pour être plié
en quatre dans tes doigts
en mille goutelles
de plaisir sur ta peau
sous ta peau,
Oui je viendrai amour,
pour le noir du café
au doux de ta bouche,
Le jaune du miel épicé
coulé de ta ruche
pour le moi sauvé,
peau rouge,
nu libéré
dans tes bras.

Méridien rose

Lâcher, partir,
Suivre tous tes parallèles
de dentelle
Tes tropiques torrides
de peau parfumés
S’abandonner
à l’envie d’éssaimer
sur la fleur de tes monts aréolés
De partir en voyage
sur tes coteaux oppressés
et prendre possession
de tes méridiens ovales
Équateurs magnétiques
De chairs enflammées
L’endroit où nous sommes
Terre écartelée
Tumulte des cascades
Toi et moi mélangés
Le feu insatiable
Dans la coupe de nos mains

© Gilfy – Temps du rêve

l’être à vous demain, hier …

« l’avoir vécu »
Le vivre arrêter le temps
Sur cet hier enflammé
Être ce présent
L’un pour l’autre
Vivre et découvrir
Savourer
Déguster
Carresser lècher
sucer, mordre
Enflamer vos coteaux
De morsures kérosene
Vous incendier
Vous rendre plus chaude,
Plus liquide,
Plus pleine de
ma langue
dans votre bouche
De ma langue glissant
dans votre con,
Moissonner vos lèvres,
Vous rendre étincelante
brûlante d’envie,
de vent furieux
des vagues, du ressac
Vous écraser
Arracher votre armure
Vous démembrer
Vous dévorrer
Écarter vos chairs
Pénétrer vos entrailles
Jusqu’à la dissolution
L’absolution

Mais,
Vous savez aussi
Que ce n’est pas possible
Pas encore.
Qu’il faudra d’abord
vivre ce rêve
brûlant, encore
Tous ces jours
Parsemés de fleurs odorantes
Débordantes de couleurs
De soleils impatients
jusqu’à l’insassiable faim
Ce vertige douloureux
Ce vide obsédant
Ce précipice

Peut-être

Déjà

© Gilfy – Temps du rêve

Nous, Naïades dans le cycle de l’O

Viens, fille du vent,
Partons dans les torrents,
Laissons nous dépolir
Devenir transparents
N’être plus que lumière
Que nos chairs décapées
et nos corps dépecés
n’aient plus de frontière.
Que nos liqueurs, fiente foutre cyprine,
mélangées aux algues et aux galets
soient le festin du monde
qui ne vivra que par nous
pour les siècles des siècles.

© Gilfy – Temps du rêve