
» Moi je ferai tout le contraire.
Je montrerai tout, mon coeur, mes émotions, le vert, le rouge, le jaune, toutes les couleurs »
Niki de Saint Phalle – » Traces »
De nos corps confondus s’élève une odeur de folie;
Tes baisers ont fait chanter toutes les cordes
De mon corps tendu comme une harpe,
Et je m’ouvre en un suprême appel
Pour recevoir l’offrande de ton amour…
Fais que son Désir naisse et renaisse
Fais qu’il m’étreigne, palpitante,
Et que je roucoule comme la colombe.
Fais que nos nuits consacrées au divin baiser
Laissent à nos lèvres une saveur d’éternité.
Berthe de Nyse – Recueil « Les Litanies de la chair »
La Peau est si monstrueuse
( L’Or sue jet)
Nos peaux sont des monstres
Elles se battent taillent
En lisière des lièvres fous
Elles se gueulent dessus
A même bouche des goûts
Si miel et cuir remue glue
Peaux d’eau ragent
Et siège jusqu’en cerfs
Co-liés de gris feux
Ras passent nos gores jeux
Peaux si lentes scieuses
Bouges-y ton Satan
Au beau gué fumant
Les cas pistons d’enmêle usines.
A peau tu oses
Nos apeaux urticaires
Grouille aimants de vers
Fort amant l’a queutée
Loi si haut en langue
De pus ta chair y est
Je remonte le jus d’à vent
A dents de dos
Au frayé de l’os silo
cavale qu’à deux
Soeur sueur souricière
De ta nue clef aire
Peaux longer nos à mers
Phares à tôt triques
A crête de griffon et piques
Ton grand Thor ton loup ta Gaule
Dans le fouis-y de ma rigole
Je fais l’en tour de ton pal sombre
Tu ferres le nerf dans ma peau monde
Carnale nage en peau trouble
Roi de mon piranha et des serres garces
Tu Han ! Très ma peau historique
Antan de scie
Puis
En colle y maçon
Tortue tueuse
Tu graisses vite
Lâcher d’elle
Housse cave
Son homme et lie
Des monts ces trous tes cités
Ta mèche en ce Tartare
Nous met le feu d’en fer
Si ailes à la va ton vit
Fleurs veines haineuses
rendent plissent mon vase
Mâle recage l’ivre liesse
Vulve arums entonne le noir
Le fou l’abaissant
Bordée de jus ronds
L’a francs jets de blanc
Mon d’yeux va gitan !
Vois l’eux barris olé
Son éléphant des mères
Aux vents pires de nos sens
Grains de stupre et faction
De fesses rosses douze heurts
Taxis dermes au mètre
Et peignent hurlent
Le vol mécanique
Et les ruts sillons
Vient à l’or
Le sale an
Le poids vrai
Les si eux
Les douces heures
Sans les plus mots verts
Des Monstres
*§* *d§g* Âme-Our Peau est si monstrueuse amante amoureuse
« L’amour arrache les masques sans lesquels nous craignons de ne pas pouvoir vivre et derrière lesquels nous savons que nous sommes incapables de le faire »
James Baldwin
*§* *d§g* Âme-our masques
(Roberto Ferri )
« Lai du Chèvrefeuille »
Bel(le) ami(e), ainsi est de nous:
De nous deux, il en est ainsi
Comme du chèvrefeuille était
Qui au coudrier se prenait.
Quand il s’est enlacé et pris
Et tout atour le fût s’est mis,
Ensemble ils peuvent bien durer.
Qui les veut après désunir
Fait bientôt coudrier mourir
Et le chèvrefeuille avec lui.
Bel(le) ami(e), ainsi est de nous:
Ni vous sans moi, ni moi sans vous.
Marie de France – XIIe siècle
“Mon corps d’homme
infini
doux et tendu,
de sang mordoré qui roule _
mon corps de conquête et de rêve,
insistant,
éperdu et sauvage,
grondant ses rythmes,
aux muscles qui scintillent,
aux joies hurlées qui cassent –
Mon essentiel –
Toi, mon corps parcouru,
ses gouttes d’origine qui précèdent,
mon corps descendu,
mon corps de plénitude forte qui me fend,
me fait de fleurs flottantes,
mon corps qui pénètre
aux fonds noyés de moi –
Si fière d’être femme,
et entr’ouverte doucement, tapie d’ivresse –
Tu t’inclines,
bouleversé de tendresse,
tu t’abats
comme au souvenir des silences
Déjà
mien à demi,
le gland qui hante
et reconnaît
son seuil,
ses sentiers,
sa tanière riche et musquée,
son fort –
Et puis tu remplis tout,
tu assièges,
tu me damnes,
les chairs plissées jumelles et reconnues,
mon con écartelé, heureux,
tout mon corps délivré, offert, semé, clouté,
exhaussé par la fête rouge qui le comble,
Ma vie au bout de ta tige qui joue
et cueille –
Tu es, tu t’avances à l’intouchable,
j’ouvre ma bouche, toutes mes bouches,
les genoux rejoignent leurs pôles,
je suis un ventre communié
qui danse,
attend et n’attend plus ses rives ;
Tu me suspends
Et tu repars,
trempé de mousse
et tu t’appuies des clés aux fourches,
Torturée, je suis un tunnel qui supplie,
la forme du pain qui veut l’enfournement,
le feu ouvert qui guette ses tisons.
Implacable, tu vas de la crête
au bord diurne,
effleurant durement,
t’affirmant,
hérissé de maîtrise,
tu sculptes bien, défonçant tendrement l’estuaire.
De biais, je chante –
Voici que je te laisse
et me dresse et détourne,
nous sommes l’animal sacré,
tes doigts pressent la perle en son destin,
moi, je, complètement donnée,
les seins pendant comme un collier –
et toi, insinué d’un coup de cœur,
tu te fiches,
immobile.
En gloire.
Puis tu vires de bord,
le désir te distend ;
tu fonces sans égards, corne de nuit
tu traques –
Oh cheval immortel,
entré enfui, rageur et délicat,
dégouttant de mon stupre de marais,
je suis défaite et vierge,
et reconquise,
inhabitée, douloureuse et choisie.
Et le rythme des planètes soudain croît,
la croupe suit le cirque du ciel,
tu as forgé et
le con du monde s’amplifie,
le feu le vrille
l’eau le baigne
la terre le possède
les airs l’entourent.
La matrice respire, ses portes tremblent,
touffeur collée au champignon divin,
suçant ses rêves, fleuve et son lieu,
et les vagues du sang s’élancent.
Tu sais, tu brandis ma jouissance,
furieusement, tu fouilles et tu décimes
et je tangue,
et je jette,
et j’annule et trépigne
et je fous,
tout s’ouvre à fond et broie
comme un tonnerre, un volcan d’eau,
le feu dégoulinant de joie.
C’est l’enfer d’algues
et l’empire des gouffres –
Et toi aussi, tu montes et meurs –
la matrice espérante
t’a bu comme un calice,
épousé à folie –
Les eaux mêlées,
les poils rivés,
Tous deux,
l’immensité du couple,
Toi, qui as ramé par le monde jusqu’au loin,
Moi, pleine de ta semence lourde,
illuminée,
immolée et
naissante -”
Francine Caron – Recueil “Les corps sourciers”
Une des plus beaux poèmes érotiques écrit par une femme que j’ai lu jusqu’à présent. Je te l’offre, amour, @toile-invisible
Ce jour , rien n’a changé, tu es toujours le premier homme , celui qui m’inspire mes plus ardentes, intenses, érotiques, émotionnelles lectures, découvertes et écritures de poésie amoureuse