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Nos Manies Festes

(ILL. Op Freuler)

De nos corps confondus s’élève une odeur de folie;

Tes baisers ont fait chanter toutes les cordes

De mon corps tendu comme une harpe,

Et je m’ouvre en un suprême appel

Pour recevoir l’offrande de ton amour…

Fais que son Désir naisse et renaisse

Fais qu’il m’étreigne, palpitante,

Et que je roucoule comme la colombe.

Fais que nos nuits consacrées au divin baiser

Laissent à nos lèvres une saveur d’éternité.

Berthe de Nyse – Recueil « Les Litanies de la chair »

La Peau est si monstrueuse

La Peau est si monstrueuse

( L’Or sue jet)

Nos peaux sont des monstres

Elles se battent taillent

En lisière des lièvres fous

Elles se gueulent dessus

A même bouche des goûts

Si miel et cuir remue glue

Peaux d’eau ragent

Et siège jusqu’en cerfs

Co-liés de gris feux

Ras passent nos gores jeux

Peaux si lentes scieuses

Bouges-y ton Satan

Au beau gué fumant

Les cas pistons d’enmêle usines.

A peau tu oses

Nos apeaux urticaires

Grouille aimants de vers

Fort amant l’a queutée

Loi si haut en langue

De pus ta chair y est

Je remonte le jus d’à vent

A dents de dos

Au frayé de l’os silo

cavale qu’à deux

Soeur sueur souricière

De ta nue clef aire

Peaux longer nos à mers

Phares à tôt triques

A crête de griffon et piques

Ton grand Thor ton loup ta Gaule

Dans le fouis-y de ma rigole

Je fais l’en tour de ton pal sombre

Tu ferres le nerf dans ma peau monde

Carnale nage en peau trouble

Roi de mon piranha et des serres garces

Tu Han ! Très ma peau historique

Antan de scie

Puis

En colle y maçon

Tortue tueuse

Tu graisses vite

Lâcher d’elle

Housse cave

Son homme et lie

Des monts ces trous tes cités

Ta mèche en ce Tartare

Nous met le feu d’en fer

Si ailes à la va ton vit

Fleurs veines haineuses

rendent plissent mon vase

Mâle recage l’ivre liesse

Vulve arums entonne le noir

Le fou l’abaissant

Bordée de jus ronds

L’a francs jets de blanc

Mon d’yeux va gitan !

Vois l’eux barris olé

Son éléphant des mères

Aux vents pires de nos sens

Grains de stupre et faction

De fesses rosses douze heurts

Taxis dermes au mètre

Et peignent hurlent

Le vol mécanique

Et les ruts sillons

Vient à l’or

Le sale an

Le poids vrai

Les si eux

Les douces heures

Sans les plus mots verts

Des Monstres

*§*  *d§g*  Âme-Our  Peau est si monstrueuse amante amoureuse

DelFin’Amor course toi

Roberto Ferri - Paolo et Francesca - 1996

(Roberto Ferri )

« Lai du Chèvrefeuille »

Bel(le) ami(e), ainsi est de nous:
De nous deux, il en est ainsi
Comme du chèvrefeuille était
Qui au coudrier se prenait.
Quand il s’est enlacé et pris
Et tout atour le fût s’est mis,
Ensemble ils peuvent bien durer.
Qui les veut après désunir
Fait bientôt coudrier mourir
Et le chèvrefeuille avec lui.

Bel(le) ami(e), ainsi est de nous:
Ni vous sans moi, ni moi sans vous.

Marie de France  – XIIe siècle

Francine Caron

 

Cantate

Mon corps d’homme
infini
doux et tendu,
de sang mordoré qui roule _

mon corps de conquête et de rêve,
insistant,
éperdu et sauvage,
grondant ses rythmes,
aux muscles qui scintillent,
aux joies hurlées qui cassent –
Mon essentiel –

Toi, mon corps parcouru,
ses gouttes d’origine qui précèdent,
mon corps descendu,
mon corps de plénitude forte qui me fend,
me fait de fleurs flottantes,
mon corps qui pénètre
aux fonds noyés de moi –

Si fière d’être femme,
et entr’ouverte doucement, tapie d’ivresse –

Tu t’inclines,
bouleversé de tendresse,
tu t’abats
comme au souvenir des silences
Déjà
mien à demi,
le gland qui hante
et reconnaît
son seuil,
ses sentiers,
sa tanière riche et musquée,
son fort –

Et puis tu remplis tout,
tu assièges,
tu me damnes,
les chairs plissées jumelles et reconnues,
mon con écartelé, heureux,
tout mon corps délivré, offert, semé, clouté,
exhaussé par la fête rouge qui le comble,
Ma vie au bout de ta tige qui joue
et cueille –

Tu es, tu t’avances à l’intouchable,
j’ouvre ma bouche, toutes mes bouches,
les genoux rejoignent leurs pôles,
je suis un ventre communié
qui danse,
attend et n’attend plus ses rives ;
Tu me suspends

Et tu repars,
trempé de mousse
et tu t’appuies des clés aux fourches,
Torturée, je suis un tunnel qui supplie,
la forme du pain qui veut l’enfournement,
le feu ouvert qui guette ses tisons.

Implacable, tu vas de la crête
au bord diurne,
effleurant durement,
t’affirmant,
hérissé de maîtrise,
tu sculptes bien, défonçant tendrement l’estuaire.
De biais, je chante –

Voici que je te laisse
et me dresse et détourne,
nous sommes l’animal sacré,
tes doigts pressent la perle en son destin,
moi, je, complètement donnée,
les seins pendant comme un collier –
et toi, insinué d’un coup de cœur,
tu te fiches,
immobile.
En gloire.

Puis tu vires de bord,
le désir te distend ;
tu fonces sans égards, corne de nuit
tu traques –

Oh cheval immortel,
entré enfui, rageur et délicat,
dégouttant de mon stupre de marais,
je suis défaite et vierge,
et reconquise,
inhabitée, douloureuse et choisie.

Et le rythme des planètes soudain croît,
la croupe suit le cirque du ciel,
tu as forgé et
le con du monde s’amplifie,
le feu le vrille
l’eau le baigne
la terre le possède
les airs l’entourent.
La matrice respire, ses portes tremblent,
touffeur collée au champignon divin,
suçant ses rêves, fleuve et son lieu,
et les vagues du sang s’élancent.

Tu sais, tu brandis ma jouissance,
furieusement, tu fouilles et tu décimes
et je tangue,
et je jette,
et j’annule et trépigne
et je fous,
tout s’ouvre à fond et broie
comme un tonnerre, un volcan d’eau,
le feu dégoulinant de joie.

C’est l’enfer d’algues
et l’empire des gouffres –
Et toi aussi, tu montes et meurs –
la matrice espérante
t’a bu comme un calice,
épousé à folie –

Les eaux mêlées,
les poils rivés,
Tous deux,
l’immensité du couple,

Toi, qui as ramé par le monde jusqu’au loin,
Moi, pleine de ta semence lourde,
illuminée,
immolée et
naissante -”

 

Francine Caron – Recueil “Les corps sourciers”

 

Une des plus beaux poèmes érotiques écrit par une femme que j’ai lu jusqu’à présent. Je te l’offre, amour, @toile-invisible

Ce jour , rien n’a changé, tu es toujours le premier homme , celui qui m’inspire mes plus ardentes, intenses, érotiques, émotionnelles lectures, découvertes et écritures de poésie amoureuse