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Embras’aimant

Ron Hicks - Banc public

 

(Ron Hicks)

 

Les gens qui voient de travers
Pensent que les bancs verts
Qu’on voit sur les trottoirs
Sont faits pour les impotents ou les ventripotents.

Mais c’est une absurdité,
Car, à la vérité,
Ils sont là, c’est notoire
Pour accueillir quelque temps les amours débutants.

Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics,
Bancs publics, bancs publics,
En s’foutant pas mal du regard oblique
Des passants honnêtes,
Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics,
Bancs publics, bancs publics,
En s’disant des « Je t’aime' » pathétiques,
Ont des p’tits gueules bien sympathiques!

(…)

Georges Brassens – Bancs publics

 

Bonjour mon amour

(Photographe inconnu)

« Quand les amoureux s’embrassent sur les joues c’est qu’ils tâtonnent et cherchent les lèvres. Un baiser fait les amants. »

Emile Zola – Les Rougon-Macquart . T1

 

baiser trait épuré

 

(Illustrateur inconnu)

« Je m’éclaire longuement avec l’or que je trouve au fond d’une étreinte. Enhardis par tant de lumière, nous dénoyautons le soleil dans un baiser. »

Lucien Becker – Rien que l’amour

 

Un pointu

(Photographe inconnu)

« Qu’est-ce que ton baiser ? Un lèchement de flamme. »

Victor Hugo – L’épopée du ver

 

vers-libres-rojan-1937

(Fiodor Stepanovich Rojankovski  ill Vers libres de raymond Radiguet)

Un jour nous étions en bateau :
Elle voulut manger des mûres.
— Le bord, c’est presque le coteau,
Avec les bois pleins de murmures.

Vous savez quels soleils charmants
Tombent à midi sur nos plaines.
— Penchée en de fins mouvements.
Toute rouge, les deux mains pleines,

Parmi les feuillages brisés
Où quelque merle s’effarouche,
Elle noircit de ses baisers
Mes paupières et puis ma bouche.

Albert Mérat – Un jour nous étions en bateau

 

Feux l’heurt de bouche

Suzie-Q 07

(Suzie Q)

Il est des noms comme des fleurs étouffantes

Il est des regards comme des flammes dansantes…

Il est des bouches sombres et ondoyantes,

Avec des coins profonds et humides.

Marina Tsvetaïeva – Insomnie et autres poèmes

 

 

Francesco hayez Il Bacio

(Francesco Hayez)

Au dire de certains, je donne des baisers trop raffinés, tels que nos rudes ancêtres n’en connurent jamais. Ainsi donc, quand je serre de mes bras avides ton cou, ô ma Lumière, et que je meurs sur lui de tes charmants baisers, faut-il me soucier de ce qu’on dit de moi ? C’est à peine alors si je puis me rappeler qui je suis et où je suis.
Jean Second – Le Livre des baisers – 11 – Jean Second

André Kohn Le baiser 1

(André Kohn)

Lait

Le baiser est un mot de gouache
Il rend aux lèvres cette transparence continuelle
Que la parole, le repas et la vie, rendent habituellement
Rousses.

T’embrasser signifie détremper à la salive
Tous les pigments de tes lèvres,
Jusqu’à la lustrine, au vernis,
La gomme.

Je ponce tes lèvres, et je les racle et je les purifie,
Et je les enduis.
As-tu remarqué que le désir à la pâte d’un œuf entier
Mêlé à du lait de figue ?

Moins que la colle, presque la résine,
autant que le vernis, autour de l’huile
Je laisse sécher ta salive
Jusqu’à ce qu’il y ait entre tes lèvres
Un fil de réflexion.

T’embrasser est un long travail
D’émulsion ancienne.

Régine Detambel – Recueil “ Icônes” – Ed. Champ Vallon

 

 

Ron Hicks 1

(Ron Hicks)

Ron HicksLe cœur tremblant, la joue en feu,

J’emporte dans mes cheveux
Tes lèvres encore tièdes.
Tes baisers restent suspendus
Sur mon front et mes bras nus
Comme des papillons humides.
Je garde aussi ton bras d’amant,
Autoritaire enlacement,
Comme une ceinture à ma taille.

Cécile Sauvage.

 

Baisers de Braises

Joseph Lorusso 9

(Une peinture de Joseph Lorusso)

Je me souviens de toi telle que tu étais en ce dernier automne:
un simple béret gris, le cœur en paix.
Dans tes yeux combattaient les feux du crépuscule.
Et les feuilles tombaient sur les eaux de ton âme.

Enroulée à mes bras comme un volubilis,
les feuilles recueillaient ta voix lente et paisible.
Bûcher de stupeur où ma soif brûlait.
Douce jacinthe bleue tordue sur mon âme.

Je sens voyager tes yeux et l’automne est distant:
béret gris, cris d’oiseau, cœur où l’on est chez soi
et vers eux émigraient mes désirs si profonds
et tombaient mes baisers, joyeux comme des braises.

Ciel vu d’un bateau. Champs vus des collines:
lumière, étang de paix, fumée, ton souvenir.
Au-delà de tes yeux brûlaient les crépuscules.
Sur ton âme tournaient les feuilles de l’automne.

PABLO NERUDA

Roberto Ferri L'etta del'oro

(Roberto Ferri)

Qu’homme étrange je désire la bête en nous qui palpite fume crépite entre mes griffes et rôde tourne vire derrière tes canines… 

 

Laurent Anastay-Ponsolle Passion

(Laurent Anastay-Ponsolle)

« L’odeur – par la porte grande ouverte d’un bistrot – de vanille – de cigares – de biscuits – semble t-il. Vous pensez que j’ai eu envie de rentrer dans ce café, de boire et de manger ? Non – les larmes aux yeux – d’embrasser. »

Marina Tsvetaïeva – Les carnets 1913-1939

 

 

 

 

 

En Lui N Elle

 

Ma bouche

Elle veut que tu l’éprouves

Que tu la manges

Que tu la coules

Que tu la forces

Elle veut t’essorer

De toutes tes larmes

Toutes

Ta goutte

Prendre ta déroute

Dedans

La faire suinter

Saigner

Filer

Baver sur toi

Ton bois

La tendreté de tes veines

Au long cours

Les croiser

Aux miennes

Tapis de papilles

Crépies

Par tes allers-retours

Mélange

Languer

Lisser ta voix

Au creux

La fange

Le miel

De ma voie

D’eau, os, miel

Râpures, griffures

Suçons, poinçons

Picots, sursauts

Ton pivot

Ton axe

Planté

Vrillé

Forant

S’excitant de ma bouche

Qui te vœux à l’année

Mes seins

Sont à toi

Seul(e)(s)

Tous les deux

Ils sont beaux

De toi

Escaladent

Tes dents

Le pointu

Prise

Emprise

En entier

Dans la vague

Qui fond d’écumes

Entre

les cuisses

Chevauchée

Empirique

Moiteur

Buée sur les vitres

Cramponnée

Lierre de tes mains

Tes tétons

Un bonheur

La chair

Qui dit oui

En petits cris rosés

Des bâtons de régal

Hissent le désir

Trônes

L’éclatement

De tes grains de café

Le frisson

Comblé

vulve

Enfouie

Découverte

Écartée

Impatience

Tes mains…

Sur ma gorge

serrées

Enserrée

Adorer

Trembler

Aux lèvres

d’une montagne de jouir.

Mes ongles

Longs

Peints

Enfoncer

Te graver

dans les cuticules

Mon cul

Aspire à toi

Petits défauts

panorama

Envers du décor

Grand format

Explosion sillons

Chaloupe à l’amer

Microscopique loupe

Tes yeux sur mes fronces

Bourrelets froissés

Bordent rougis l’œil

Élargi

Le fauve de toi

Qui y rôde

Éros foncé

Autour de l’étoile

Centre de l’univers

Trou noir

Désirs du Cosmos

Enfoncée

Toi

Liane

Moi

Rossée

Les ronces…

Ta queue

Phénomène

Tous les noms d’oiseaux

Fantasmagorie

Dure réalité

Un prédateur

Dressé

Sur son train arrière

Je veux

Plier

démultiplier

turgescence

Bourdon

Bourgeonner sur elle

Pleuvoir

Le mouchoir de ma fente

Buvard

Éponges

Fustigée

la force de toi

Marche en avant

Mon ventre

Poussée

Creusets

Les chairs

Concaves

Convexes

Sont chaudes

Matraquées

claquée

Cul con seins bouche

Sur mes épaules

Je te cries

Les désordres

Précis que tu me fous

Tu clames

Ton orage

Sur mon dos

Entendre

Ces bruits

mouillés fouaillés

Sons de frappe

Tu m’éloges

Je te loges

Feux de forges

Rythmes

Décroissants

Laisser filer

ne plus savoir

Qui sont les galets

La rivière

Tes lèvres

Sont le monde

Dans l’espace confiné

Vapeur et bulles

Émotions

Ta dévoration

Odeurs , sueurs

Fumet, parfums

Musc âcres

L’eau dedans

Rogner, juter

Dans ta bouche

T’humecte

Tu lèches,

Déployé

Partout

Dehors

C’est froid

Tu es un four

où me rôtir

Me blottir

La couche

Contiguë

Des peaux de nous

Prolongation

Échappatoire

Dans les baisers

Contorsions

Je fusionne

à ta salive

Ta peau

Ma peau

Prendre le mot de l’autre

De chacune

Elles

Se veulent d’amour libre

 

Florilège Amour Vie Poésie Liberté

« Des humbles naissent pour lesquels le besoin d’aimer est plus fort que celui de se nourrir. Ils lui sacrifient tout ».

Ce n’est pas vrai du tout, que l’être humain soit une créature qui comprenne la vie. Son intelligence ne lui sert pas à grand-chose ; par le fait qu’il parle, il n’en est pas moins bête. Mais là où sa bêtise dépasse même l’inconscience des animaux, c’est quand il s’agit de deviner et de sentir la détresse de son semblable.

Il nous arrive, parfois, de voir dans la rue un homme à la face blême et au regard perdu, ou bien une femme en pleurs. Si nous étions des êtres supérieurs, nous devrions arrêter cet homme ou cette femme, et leur offrir promptement notre assistance. C’est là toute la supériorité que j’attribuerais à l’être humain sur la bête. Il n’en est rien !

(Petite divergence perso mais de taille , je ne crois pas que les animaux soient inconscients; je les crois même plus en conscience vraie, pleine et vivante que nous, les humains)

Panaït ISTRATI. (Ecrivain roumain de langue française)

 

« Grandes sont les joies de la vie. Plus grande est la joie de vivre »

« Cette très rare et très précieuse légèreté de l’être… »

« Quand on ne parle pas des choses avec une partialité pleine d’amour, ce que l’on dit ne vaut pas la peine d’être rapporté. »

GOETHE (Poète , romancier allemand)

 

« Sans émotion, il n’y a pas de poésie possible »

« A tous la vie donne tout mais la plupart l’ignorent »

NOSTALGIE DU PRÉSENT

A ce moment précis l’homme se dit :
Que ne donnerais-je pas pour le bonheur
d’être en Islande à tes côtés
sous le grand jour immobile
et de partager l’instant présent
comme on partage la musique
ou le goût d’un fruit.
A ce moment précis
l’homme était en Islande à côté d’elle.

Jorge Luis BORGES (Ecrivain argentin)

 

« On ne vit pas quand on est intouchable. La vie, c’est la vulnérabilité »

« Je n’ai rien évité : la route, les trains, les avions, la fatigue, les départs, les passions, la lumière du matin, le désir de l’autre : la vie.

Edouard BOUBAT (Photographe français)

 

« Soyez à vous-même un flambeau et un guide. Ne cherchez ni flambeau ni guide en dehors de vous. Ne croyez rien sur la foi d’aucune autorité, divine, humaine ou livresque »

BOUDDHA (oui mais lequel ? Il y en a tant des Bouddhas, petits et grands à travers le monde… ;-P)

 

« C’est peut-être parce que j’ai vécu plus longtemps que la plupart des gens que j’ai mieux appris à connaître ce sens de l’amour. Je ne crois pas m’être réveillé en seul jour de ma vie sans contempler la nature avec un émerveillement nouveau. Le miracle est partout. L’âge est une chose relative. Si on continue à travailler et à s’imprégner de toute la beauté du monde, on se rend compte qu’avancer en âge ne signifie pas nécessairement vieillir. »

Pablo CASALS (Compositeur espagnol)

 

« Que de feux différents il y a en cette vie ! »

Thérèse d’AVILA (Religieuse espagnole)

 

« Si l’homme veut être sûr de son chemin, qu’il ferme les yeux et marche dans l’obscurité. »

« Au soir, tu seras examiné sur l’amour. »

« Là où il n’y a pas d’amour, mettez de l’amour et vous récolterez de l’amour. »

« L’âme habitée par l’amour ne fatigue pas ni ne se fatigue. »

« N’aimons ni de mots ni de langue, mais en actes, véritablement. »

Saint Jean de la Croix (Mystique espagnol)

 

« L’enfer serait de ne pas brûler »

Saint François d’Assise (Mystique italien)

 

« Aime et dis-le par ta vie. »

« La mesure de l’amour c’est d’aimer sans mesure. »

Saint Augustin (philosophe et théologien chrétien romain ayant des origines berbères)

 

 » Ma seule religion est celle de l’amour »

“Un ton seul n’est qu’une couleur, deux tons c’est un accord, c’est la vie.” 

“La couleur surtout et peut-être plus encore que le dessin est une libération.”

“Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir.”

Henri MATISSE (Peintre français)

 

« L’existence humaine doit être enracinée dans la terre »

« Là où l’amour règne, il n’y a pas volonté de puissance et là où domine la puissance, manque l’amour. L’un est l’ombre de l’autre.

Carl Gustav JUNG (Psychiatre suisse)

 

« On doit toujours choisir le chemin qui a du cœur de manière à être toujours au mieux de soi-même, peut-être pour pouvoir toujours rire. »

« Tu t’intéresses trop à aimer les gens ou à te faire aimer d’eux. Un homme de connaissance aime, c’est tout. »

« L’homme moyen est suspendu à son semblable tandis que le guerrier n’est suspendu qu’à lui-même. La confiance en soi fait qu’on est sûr des choses. L’humilité fait qu’on ne peut se tromper dans ses propres actions et sentiments. »

Juan MATUS (Sorcier Yaqui)

 

« Ce que je crois ? Je crois à ce qui m’émerveille. »

Federico FELLINI (Cinéaste italien)

 

« La sagesse n’est pas dans la raison mais dans l’amour. »

« Il est bon de poursuivre sa pente pourvu que ce soit en montant »

André GIDE (Ecrivain français)

 

« Pourvu que nous vienne un homme aux portes de la cité… Qu’il ne s’agenouille pas devant tout l’or d’un seigneur mais parfois pour cueillir une fleur. »

Jacques BREL (Poète Chanteur Belge)

 

« J’ai toujours pensé que la chair était le troisième élément. La chair pense. C’est la pensée première, la pensée primaire ou archi-archaïque. »

Antoinette FOUQUE (Militante féministe française)

 

« Il nous faut être menés au loin et dilatés au large par la force de l’amour pour atteindre la connaissance et recevoir la lumière. »

« Hâtez-vous d’aimer. »

« Les amants n’ont point coutume de se cacher lorsqu’ils se savourent jusqu’au fond, se dévorent, se boivent et s’engloutissent sans réserve aucune. »

« L’âme doit tendre de toutes ses forces à la perfection de l’amour, de l’amour inapaisable. »

Hadewijch d’Anvers (Mystique et poétesse belge)

 

« Quand il aime, l’homme est un soleil qui voit et transfigure tout. »

« Une félicité nouvelle est donnée au cœur qui persiste. »

« Que sont toutes les actions et les pensées des hommes durant des siècles contre un seul instant de l’amour ? »

« Songez qu’il y a des hommes qui se prétendent joyeux : mais vous n’avez rien deviné encore de la joie ! L’ombre même de son ombre ne vous est pas apparue. Passez, aveugles, et ne parlez pas du bleu du ciel ! »

« Et c’est pourquoi ils craignent tant la mort,
Oui, c’est pourquoi, pour mener cette vie de mollusques,
Ils souffrent toutes les infamies. »

« Et quand l’orage souterrain 
À présent éveillé en fête jusqu’au siège de nuages 
Du proche parent, le dieu tonnant,
Jusqu’à la joie s’envole, alors me croît aussi le cœur,
Avec les aigles je chante ici le chant de la nature. »

« Nous ne nous séparons que pour être plus intimement unis, plus divinement accordés à toutes choses et à nous-mêmes. Nous mourons pour revivre.
Je serai : je ne demande pas ce que je deviendrai. Être, vivre est assez, c’est la gloire des dieux. C’est pourquoi tout ce qui est vie, dans le monde divin, ignore l’égalité : il n’y a en lui ni maîtres ni esclaves. Les natures vivent les unes avec les autres comme des amants ; elles ont tout en commun : l’esprit, la joie, l’éternelle jeunesse

Friedrich HÖLDERLIN (poète philosophe allemand)

 

« Prendre le monde tel qu’il est. L’aimer et en faire partie. L’épanouissement d’un être dépend le plus souvent de son pouvoir d’aimer et d’être aimé. »

« La dépendance vient de la peur. Aussi longtemps que vous aurez peur, vous serez lié. Mais dès l’instant où vous serez sans peur, vous deviendrez indépendant et libre. »

« Trouver Dieu ne signifie que trouver son propre Soi »

M  ANANDA MOYΠ (Mystique indienne)

 

« Ta tâche n’est pas de chercher l’amour mais simplement de chercher et de trouver tous les obstacles que tu as construit contre l’amour »

Djalâl ad-Dîn Rûmî (Poète mystique persan)

 

« Autour de celles qui aiment, il n’est que sécurité »

« Être aimé veut dire , se consumer dans la flamme »

Rainer Maria RILKE (Ecrivain autrichien)

 

« Ce que tu aimes ne te sera pas arraché »

Ezra POUND

(A poursuivre, en rajouter, à l’envie…

 

Paul Eluard

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Le soleil qui court sur le monde
J’en suis certain comme de toi
Le soleil met la terre au monde


 Un sourire au-dessus des nuits
 Sur le visage dépouillé
 D’une dormeuse rêvant d’aube


 Le grand mystère du plaisir
 Cet étrange tournoi de brumes
 Qui nous enlève ciel et terre


 Mais qui nous laisse l’un à l’autre
 Faits l’un pour l’autre à tout jamais
 Ô toi que j’arrache à l’oubli


 Ô toi que j’ai voulu heureuse.


    Aube de  Paul  Eluard

Nousvelle langue

Brise de mer qu’on appelle aussi la Marinade, la Marine à deux ? Des nouvelles de toi. Je les entends gonfler l’air dans le jeu des branches entrechoquées, dans le pli bas des inules odorantes, dans la griffe des sarments qui sermentent ma peau à petits coups de canifs, « garde-toi, garde-toi, forte et redressée », je t’entends qui caresse longuement et claque des grondements et des éclats vifs-argent derrière le calcaire…

Pays inconnu. L’arpenter presque hébétée mais toujours la joie. De toi. Nous. Défricher des terres incultes, des plaines ondulées, des bois. Des fleurs mystérieuses qui ne tiennent pas la tristesse, doucement colorées. Ne pas savoir encore leurs noms. L’Âme-Our n’est jamais commun, ces aléas, ces détours, toujours cette étrangeté à prendre, sauvage et rétive, tendrement entre mes bras, l’aimer douée…

Les nuages, en nombre, moutonneux, gigantesques, s’amoncellent sur les crêtes. Leurs pieds gris moussus raflent les copeaux d’argile, suintent la terre riante, fertile et leurs têtes couronnées de blanc éclatant, cotonneux, lèchent les ailes des aigles intrépides. Au nouveau pays de Nous il n’y a pas de mesure…

Les feuilles des vignes ont revêtu leur lingerie fine, si délicate, légère, rougeoyante, c’est le signal. L’automne arrive. regarder Samain débouler. Bientôt la nouvelle année.                                                      Nous y retrouver ?                                                                                                              Faire ce voeux.

J’apprends une nouvelle langue. Elle est très coriace, celle-ci. Elle n’est pas aux mal-voyants, mal-entendants, mal-aimants.

Elle ne se dit pas, elle s’écrit pour Nous