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Nous d’Eux nus

COMMENT ÇA S’OUVRE UN CORPS

comment ça s’ouvre un corps comment
le bout du cœur pointe à la langue
s’inventent alors de nouveaux gestes
ponctués par un souffle neuf
afin de creuser le sillon

sur la terre de nos poèmes
le temps parfois devient léger
il suffit de le prendre aux mots
et le voilà rythme ou mesure
comme s’il changeait de nature

chaque vers joue à la sirène
pour arrêter la vie passante
ou regarde vieillir sa main
pendant que sourit le visage
qui veut séduire le destin

il nous faut du désir encore
pour fêter à deux la tendresse
tant que la faux fauche à côté
ce qui pousse au bout de nos doigts
reste aussi vif qu’à ses débuts

nous allons sur le chemin d’encre
il ne mène qu’au corps d’amour
ce n’est pas une forme en soi
c’est l’espace tout alentour
devenu chair de nos pensées

quand le soir n’est plus que ténèbres
la lumière nous vient d’en bas
c’est la belle sueur du noir
et goutte à goutte elle fait voir
que tout change et ne se perd pas

que tout change au lieu de se perdre
ainsi fait le vocabulaire
qui nomme ceci par cela
puis fait du neuf avec du vieux
dès que la langue est amoureuse

Édith Azam | Bernard Noël – Retours de langue

Et-cris en symbiose de ce jour en peau-lit , en voix mutuelles de garage, instants tannés des mots amants de l’Âme-Our avec toi

1000

Je viens de la nuit
Du rugissement de fauves
à l’affût
De la fuite par les mille portes
de l’obscurité
Je viens du feu
De la pulsation du cœur
Je viens des cantiques
du sommeil
Du culte des morts
Des enfants cachés
dans les arbustes du crépuscule
Je viens seule
agitant des rameaux
invoquant des rayons
Je viens de la nuit qui enfin
darde ses langues phosphorescentes
Je viens seule
passant la ligne du temps
avec le souffle de mon frère
qui vibre dans l’espace

Myriam Montoya In Traces (Huellas), L’Oreille du Loup, 2009

(ILL Dimitar Voinov Junior)
(ILL. Christophe Vacher)

In vino veritas

(ILL. Saturno Butto)

Le poème du vin
 
 
Je veux chanter le vin et son pourpre calice
Dressé superbement au-dessus des saisons,
Où brûlent des soleils, où des lunes pâlissent,
Par qui, désir d’aimer, soudain, nous t’aiguisons.
 
Le vin, dès qu’il jaillit vivace de la cuve,
Berçant, en arôme, un immortel effluve:
L’odeur du soleil nu parmi les serpolets,
Couché sur le sol roux aux frissons violets;
 
Crispé sur le sol dur et rose des coteaux,
Où le rythme s’entend d’une âme planétaire;
L’odeur du soleil rude et possédant la terre,
Aux chansons des grillons, aux cris des cailleteaux,
 
Aux sifflantes clartés rampant sur les murgers,
Sous leurs cailloux lovées; à la fine viole
Des abeilles. L’odeur forte, intrépide et folle
Du soleil à la terre auguste mélangé.
 
Le vin qui jase autant que la grive et le merle,
En octobre nourris par les néfliers blets,
Et poursuivant sans fin leurs jaunes triolets;
Le vin dont le sourire au bord des cuves perle.
 
Je chanterai le vin que l’hiver endormait;
Le vin qui s’inquiète et le vin qui remue,
Dès que pleure la vigne au fond des nuits émues,
Avec les rossignols, sous la lune de Mai.
 
Le vin ! Je veux chanter ses profondes luxures,
Ses luxures sacrées que le vouloir parcourt
Des dieux; où notre élan pauvre se transfigure;
Le vin par qui s’exalte et se parfait l’amour.
 
Sous les cépages d’or et penchant leurs ramures,
Le vin maître des plus éblouissants baisers
Et faisant de la chair une fournaise pure,
Un cantique au divin des corps divinisés.
 
Le vin mêlant au sang le sang des vignes torses
Et leur vigueur à tous les vents du ciel riant;
Le vin qui nous rend clairs, impérieux, brillants;
Ainsi que des Mithra domptant l’obscure force.
 
Le vin trouble et sonore avec ses tambourins
Et ses flûtes pourprées, ses chars à l’essieu rauque;
Le vin sonore et trouble avec ses hautbois glauques
Et le rythme emporté des cymbales d’airain.
 
Le vin doux-murmurant comme un amoureux pleure,
Dans le cellier clair-de-luné; le vin si doux,
Baiser qu’on sentirait au bord de ses genoux;
Le vin qu’on goûte à la chanson des chante-pleure.
 
Le vin consolateur, profond comme la tombe,
Le vin si tendre ouvert à la douleur qui sombre;
Le seul verbe compris des parias du sort;
Le vin compatissant presque autant que la mort.
 
Le vin donneur d’extase et d’amoureux sommeil
Et par qui l’on repose au coeur chaud du soleil,
A travers ses clartés fauves et purpurines
Comme aux boucles dorées d’une humaine poitrine.
 
Le vin, le vin, le vin, plein d’éclairs caressants;
Le vin qui t’illumine, ô chair obscure encor,
Où germe un dieu futur, et d’un geste puissant
Ouvre de l’infini l’immense porte d’or.
 
 
 Marie Dauguet – Peau était ce du sublime ? Tu parles Charles … Pour moi tu surpasses les beaux de l’ère de ton petit frère rongé de ses vers…

La Peau est si monstrueuse

La Peau est si monstrueuse

( L’Or sue jet)

Nos peaux sont des monstres

Elles se battent taillent

En lisière des lièvres fous

Elles se gueulent dessus

A même bouche des goûts

Si miel et cuir remue glue

Peaux d’eau ragent

Et siège jusqu’en cerfs

Co-liés de gris feux

Ras passent nos gores jeux

Peaux si lentes scieuses

Bouges-y ton Satan

Au beau gué fumant

Les cas pistons d’enmêle usines.

A peau tu oses

Nos apeaux urticaires

Grouille aimants de vers

Fort amant l’a queutée

Loi si haut en langue

De pus ta chair y est

Je remonte le jus d’à vent

A dents de dos

Au frayé de l’os silo

cavale qu’à deux

Soeur sueur souricière

De ta nue clef aire

Peaux longer nos à mers

Phares à tôt triques

A crête de griffon et piques

Ton grand Thor ton loup ta Gaule

Dans le fouis-y de ma rigole

Je fais l’en tour de ton pal sombre

Tu ferres le nerf dans ma peau monde

Carnale nage en peau trouble

Roi de mon piranha et des serres garces

Tu Han ! Très ma peau historique

Antan de scie

Puis

En colle y maçon

Tortue tueuse

Tu graisses vite

Lâcher d’elle

Housse cave

Son homme et lie

Des monts ces trous tes cités

Ta mèche en ce Tartare

Nous met le feu d’en fer

Si ailes à la va ton vit

Fleurs veines haineuses

rendent plissent mon vase

Mâle recage l’ivre liesse

Vulve arums entonne le noir

Le fou l’abaissant

Bordée de jus ronds

L’a francs jets de blanc

Mon d’yeux va gitan !

Vois l’eux barris olé

Son éléphant des mères

Aux vents pires de nos sens

Grains de stupre et faction

De fesses rosses douze heurts

Taxis dermes au mètre

Et peignent hurlent

Le vol mécanique

Et les ruts sillons

Vient à l’or

Le sale an

Le poids vrai

Les si eux

Les douces heures

Sans les plus mots verts

Des Monstres

*§*  *d§g*  Âme-Our  Peau est si monstrueuse amante amoureuse

DelFin’Amor course toi

Roberto Ferri - Paolo et Francesca - 1996

(Roberto Ferri )

« Lai du Chèvrefeuille »

Bel(le) ami(e), ainsi est de nous:
De nous deux, il en est ainsi
Comme du chèvrefeuille était
Qui au coudrier se prenait.
Quand il s’est enlacé et pris
Et tout atour le fût s’est mis,
Ensemble ils peuvent bien durer.
Qui les veut après désunir
Fait bientôt coudrier mourir
Et le chèvrefeuille avec lui.

Bel(le) ami(e), ainsi est de nous:
Ni vous sans moi, ni moi sans vous.

Marie de France  – XIIe siècle

Mond’eux résolus sillons

Rigolhard 26

(Illustrateur inconnu)

Délivrance…

(contre la langue de bois du dé-confinement)

le ciel est plein de soleil

mais la vie est noire

qu’est-ce que j’attends ici avec

des gens immobilisés sur leurs lits d’hôpital ?

des gardes postés aux portes ?

des policiers qui contrôlent tout ?

d’être prisonniers ?

et étrangers ?

qu’est-ce que j’attends ici avec les morts ?

que tout soit en ordre dans la banalité du mal ?

de promener mes idées meurtries en laisse

au bout d’autorisations absurdes

avec la délation qui rode aux bouches d’ombre des rues ?

pourquoi se taisent nos voix ?

où sont la sensualité et la fraîcheur

du désir de libérer les êtres ?

créons un autre monde que celui de la désolation et la tyrannie

un autre monde existe dans nos rêves, notre volonté et notre art…

Garderons-nous la vérité en nous silencieuse afin de collaborer aux mensonges ?

accepterons-nous d’être encore réduits au silence, d’être salis, maltraités, interdits ?

témoignons et laissons une empreinte contre l’occupation des consciences et l’oppression des corps,

devenons des symboles libres, des êtres libres.

nous avons l’arme redoutable du poème qui parle au plus profond de nous,

se dresse comme un rocher face aux pleutres de l’horreur quotidienne.

2020 une épouvante virale dévaste le monde,

sommes-nous condamnés à la ruine de nos existences

les justifier ?

pendant que la nuit s’abat sur le monde

tous les jours sont occupés

à soigner

à laver

à décontaminer,

à approvisionner

à livrer

nous sommes sortis de l’illusion depuis longtemps

et n’avons pas à expier les mauvais choix de la mondialisation.

toute la beauté du monde, vigie

montre-la,

sois fou amoureux de la vie,

cette folle maîtresse

vie imprévisible

vie étonnante

vie capricieuse

vie paradoxale aux confluences du désir et de la raison

vie ancienne et fidèle où passent tant d’ombres

vie accueillante et douce où flânent tant de joies

nous, piétons de la vie, amoureux de la beauté

avançons avec la vie, entourés d’étoffes et de parfums

vivons intensément dans les bras amoureux

regardons la vie comme un printemps radieux

une fête insolente et non conformiste

refusons le joug qui fait mourir l’amour !

La vie est une femme,

toutes les femmes,

les mères,

les filles,

les sœurs,

les femmes sensuelles,

les femmes anonymes entrevues un instant.

À la vie, tressons des chants d’amour,

des vers passionnés

de la tendresse et de l’humour lucide,

de la tristesse et de l’espérance

soyons amoureux dans l’étreinte jusqu’à la lumière de l’aube

refusons les ténèbres et le moulinet de la mort

préparons-nous à la vie intense et au monde plus dense….

nous nous promènerons,

et sous le masque, nous offrirons généreusement nos sens

yeux brillants

et nos bouches jouissant de baisers futurs.

©Nicole Barrière – 10/04/2020

http://www.francopolis.net/rubriques/gueuledemots-N.Barriere-MarsAvril2020.html

Façonneur de géante

Rose O'Neill

(ILL. Rose O’Neill)

Je suis une toute petite femme. Le monde pose sa toise sur mes cheveux caramels d’à peine plus d’un mètre et soixante centimètres de flammes.

Tu es venu.

Nu

Nuit

D’eux nous

Écarter les persiennes

Où je végètenlisais

Bonsaï humaine

Réduite en os

Diète de soleil

Ligaturée de mes oiseaux

La gorge assoiffée d’eaux du ciel.

J’ai ri tu as souri  ;-P

Étais-tu ou et où  étais-je

Déjà soûle, charmé ?

Racines mes tarses de trembles de peupliers de charmes d’or mots

Ont peu à peu replanté les plaines de nos déserts

Au premier Mai de Beltaine

Mes cordes que tu grattais de tes coutelas

Ont pris feu et la  voix de moi sur ton mat de misaine

J’ai vogué mes amers pour en faire des joies

Tu m’as façonnée géante

Et de ton enfant intérieur

Ta vulnérabilité, mon âme-or

Mon homme primaire

Mes bras ouverts

Sont les sarments

De ce que tu as offert.

 

L’Amour de mer

Vyrvich Valentin Nicholaiev

ILL. Vyrvich Valentin « Deux ».

Mer-Mère

 

Écumes, lait de mer !

Mer-Mère !

Qu’elle allaite nos rêves et nos voyages !

Qu’elle nous prenne,

Poissons ailés de nos souvenirs,

De nos belles errances,

De nos transes confondues,

Dans les tourbillons de nos danses,

Sur la fièvre des vagues qui nous enfantent,

Dans nos migrations.

Qu’elle nous apprenne à nous raconter,

À nous rencontrer,

À nous prendre,

À nous surprendre,

À nous suspendre

Dans les profondeurs de nos rêves

Qui nous disent toutes ces houles

Qui nous bercent

Et toutes ces îles qui nous dansent

Jusqu’aux rivages des étoiles lactées

Qui s’allument d’un feu premier nourricier.

Qu’il enflamme nos âmes

En lames d’espérances !

Confins d’amants

C’est dit mon chéri mon amour mon ardent fiévreux, au corps on a le virus l’un de l’autre…

Tu m’as en fesses actée et en haut cul lait  toute envahie

Tu fus par mon con tant miné et tu fis de mon con la vulve sillonnée

Que le monde vint  hors d’eux donner un terme aux maîtres de l’amour.

Hélas (pour eux) personne ne peux lutter contre les secrets sillons  coffrets d’amants.

Car contre, tout contre toi à moins d’un mètre de dix stances de tes doigts, mon amour, mon ardent mâle à nous deux, mon compagnon je veux toujours faire la con très rêve haute évolution…