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Jolis émois de mai

ILL. Eugenia Loli

De mon cœur jaillit

De l’eau si pure qui, débordée,

Devient toute turbide.

Tu es un fils du péché,

Moi aussi, j’en suis une fille.

*

Par les trois milles lieux,

Je parvins auprès de toi,

Ô mon amoureux,

Aujourd’hui que de l’osier

Les duvets s’éparpillent.

*

Ô nous sommes en mai,

Ils sont de couleur du feu,

Les champs de la France.

Toi, tu es un coquelicot,

Un coquelicot, moi aussi.

Yosano Akiko – Poétesse Japonaise

Une des toutes premières féministes de son état au monde. Pas assez selon certaines, notamment la radicale Hiratsuka Raichô. Mais Yosano Akiko était avant tout une femme sensuelle, une grande amoureuse, une poétesse audacieuse et elle a eu la raison de s’en naître.

Ceci pour toi mon amour, mon tendre, mon irrévérencieux Verbe Sauvage

Si lents si eux

ILL. Edvard Munch – Le baiser sur la plage – 1921

 » Debout dans le vent léger, sous le soleil qui nous chauffe un seul côté du visage, nous regardons la lumière descendre du ciel, la mer sans une ride et le sourire de ses dents éclatantes. Avant d’entrer dans le royaume des ruines, pour la dernière fois nous sommes spectateurs.

Au bout de quelques pas, les absinthes nous prennent à la gorge. Leur laine grise couvre les ruines à perte de vue. Leur essence fermente sous la chaleur, et de la terre au soleil monte sur toute l’étendue du monde un alcool généreux qui fait vaciller le ciel. Nous marchons à la rencontre de l’amour et du désir.

Nous ne cherchons pas de leçons ni d’amère philosophie qu’on demande à la grandeur.

Hors du soleil, des baisers et des parfums sauvages, tout nous paraît futile. « 

Albert Camus –  » Noces à Tipasa « 

Je t’aime mon bel amour , je t’aime tout ce tant même si Monde ne nous en offre pas temps je t’aime

Et s’il fallait

Et s’il fallait enfreindre
Les lois de la terre

Je serai cette dent dure

Apesanteur du tant
Vivant dans l’horizon
De tous les combats
De vivre d’âmour
De baisers d’eau fraiche
Puisée à la source
De ton ventre
Et toi, tu vivras dans ma peau
Iceberg de lumière
Sur la mer de mes envies
Et aux murs de mes entrailles
Les traces de ton plaisir,
Rupestres empreintes
Où je te regarderai dans
L’envers de nos yeux

1000

Je viens de la nuit
Du rugissement de fauves
à l’affût
De la fuite par les mille portes
de l’obscurité
Je viens du feu
De la pulsation du cœur
Je viens des cantiques
du sommeil
Du culte des morts
Des enfants cachés
dans les arbustes du crépuscule
Je viens seule
agitant des rameaux
invoquant des rayons
Je viens de la nuit qui enfin
darde ses langues phosphorescentes
Je viens seule
passant la ligne du temps
avec le souffle de mon frère
qui vibre dans l’espace

Myriam Montoya In Traces (Huellas), L’Oreille du Loup, 2009

(ILL Dimitar Voinov Junior)
(ILL. Christophe Vacher)

En boucle

Le_couple_ Wojtek Siudmak

(Ill Wojtek Siudmak)

 

POLLEN

Plus tard, on me découpera,

on trouvera les milliards de grains de ton pollen,

de la farine de toi, roulée par le vent.

 

Mes couches auront été morcelées,

même inversées,

pourtant on y reconnaîtra tes galets,

sur mon eau la trace de tes ricochets,

et chaque petit détail minéral de toi, sera

imprimé en moi.

 

Et quand je ne serai plus qu’un bloc,

alors je dirai encore l’histoire de nos frictions.

 

Dans mes os, à chaque cercle

rythmique de ma croissance,

pris, des cheveux de toi,

et dans le carbone qui proviendra de ces os,

l’activité constante de ta bouche.

 

Régine Detambel