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La Joie

ILL. Ron Hicks  » L’Amour à la campagne »

DÉFENSE DE LA JOIE

Défendre la joie comme une tranchée
la défendre du scandale et de la routine
de la misère et des misérables
des absences transitoires
et de celles définitives

Défendre la joie comme un principe
la défendre de la stupeur et des cauchemars
des neutres et des neutrons
des douces infamies
et des graves diagnostics

défendre la joie comme un drapeau
la défendre de la foudre et de la mélancolie
des naïfs et des canailles
de la rhétorique et des arrêts cardiaques
des endémies et des académies

défendre la joie comme un destin
la défendre du feu et des pompiers
des suicides et des homicides
des vacances et de la fatigue
de l’obligation d’être joyeux

défendre la joie comme une certitude
la défendre de l’oxyde et de la crasse
de la fameuse patine du temps
de la rouille et de l’opportunisme
des proxénètes du rire

défendre la joie comme un droit
la défendre de Dieu et de l’hiver
des majuscules et de la mort
des noms de familles et des peines
du hasard
et aussi de la joie

Mario Benedetti

A deux fendre la poire de notre joie , seul fruit qui n’est pas défendu par les bigots de tous poils, mon amour

M’ars amatoria

ILL. Steven Kenny

Amour, tu me mets

du baume entre mes deux joues

du feu dans leur chœur…

*

Je sens le printemps

pousser des fleurs sur nos mains

et rire en coulent heurts

*

Les petits bourgeons

s’ouvrent à la loi suave

le mien sous le tien

*

Bourgeon de langue

érige celui de moi

sucs de fleurs miellées

*

Retour de saison

tout toi monté si fleuri

petit lait aux doigts

*

Nous embrasser là

mon amour sous les saules

qui caressent l’eau

*

Voûte d’ogive

l’olivier mille en ère

conte ses oiseaux

*

Faire notre amour

sur la lie d’herbes hautes

nous cacher d’en blé

*

Chaleur retrouvée

je t’écris tu me crisses

nos replis froissés

*

Oh nos lits tannés

Joyaux cependant luisent

nos souffles mêlés

*

C’est un flux bleuté

qui prend tout à la gorge

boire à nos printemps

*

Mon homme de soie

nous glisse au tapis d’iris

doux amant violet

*

La garrigue en feu

mauve d’euphories lacées

me liane à ton bras

*

Les fleurs ne coupe

et comme une vache allée

moi je les mange

*

Si c’est en blason

que nos bouches ça sent bleues

je mords ton harpon

*

Nous danser Haut-Vol

franc jeu des précipices

est loi stupr’aime

*

Ta sève monte

elle barbouille ma bouche

si roi d’ attentat

*

Le dos dans l’herbe

le gué des hirondelles

entre quatre yeux

*

Savoir mystique

du héron cendreux au bas

des cordons de l’eau

*

Cocons sidérant

la lumière dans les pins

l’en corps vif du vent

*

Elle monte le ciel

de son lent voyage au sud

Altaïr en tête

*

Bruyère blanche

et timides violettes

font avalanches

*

Ma douce furie

sur figue de barbarie

t’aimer piquante

*

Le soleil est eau

et pressant il noie l’ombre

dans tous nos à-pics

*

Le réseau rouge

de nos pensées attendries

éponge l’éclair

*

Songe à la foudre

qui ploie sur tout l’équateur

et crie dans nos nuits

*

Lune faconde

tourne et vire sans l’oubli

de nos flamboiements

*

Et l’on sera beaux

et les chevreuils les oiseaux

fermeront leurs yeux

*

Fouillis de plumes

régal, carnage de nuit

au matin, l’oubli

*

La petite orchis

déploie ses mouches noires

les pieds dans l’ombre

*

Les poings desserrés

laisser la rivière

Broyer nos galets

*

Bruyère en senteurs

de la vanille et du musc

de ta semence

*

Ils sont nos baisers

bourdon et sauterelle

vibrant caducée

Faim d’y vers

Il neige

et je t’aime

parce que c’est beau

*

Il y a un feu

aux fers dans la cheminée

la nuit le jour sont

*

Être un feu joyeux

au loin sur la cheminée

ni les jours les nuits

*

Peau de corps tout blanc

Ma fenêtre bat le vent

à sa couture

*

Suis douce pour toi

le héron et des aigles

viennent sur le toit

*

vent de gris ici

je me traîne au chaud de toi

des poils allumés

*

par la cheminée

leurs cris chutent ma gorge

feu éparpillé

*

j’entends leur amour

défier les limites de nous

et me tenir chaud

*

Nos os truismes !

ADN peaux qu’on forme

notre monde est doux

*

J’arpente avec toi

rigueur et glace d’y vers

Art paix jeux neige

*

Rafales du vent

toi et moi sous les branches

pour faire un abri

*

Le bleu de mes yeux

ouvre l’armoise des tiens

la chaleur des lits

*

Partage avec moi

ta peau idéologique

il fait froid dehors

*

Sur la falaise

le cri fusé du faucon

cherche son amour

*

Blanc des amandiers

senteurs froissées dans l’air lourd

jaunes mimosas

*

Un rouge-gorge

sautille dans les bourgeons

le vent est tiède

*

Les rouge-gorges

et mésanges bleues pépient

au travers des fleurs

*

Les rouge-gorges

ce matin vont ras l’amour

avec les mésanges

*

Nos corps qui fondent

j’entends crouler la neige

dans le torrent fort

*

Surgir d’en dessous

les bêtes des sous-terrains

habitent un arbre

*

Il nous reste un loup

folklore des pays d’Est

fugue de cage

*

Carcasse de sanglier

dévorée au romarin

l’amour a-t-il faim ?

*

Aiguilles de pins

tapis au sol pour l’amour

soleil bleu du ciel

Ascension

Ce que tu es plaisir à t’embrasser sans fin
N’a d’égal que celui de ta decouverte
Végétation luxuriante, peintures rupestres
Là ou sentir monter et assouvir ma faim

A nos correspondance en ciel indigo
Esprits des lagunes et broussailles libérés
Te font jachères et cannebières en feu
Ame de la danse des rythmes enfièvrés

Nulle rimes nul chant de ma peau où tu n’es
Fleur des campagnes et beauté des ilets
Comme dans ce tout de la nature enchanté

Et quand cendre et tout à la terre je serai
Delphine toi fleur sauvage des forêts
Restera mon amour de l’invincible été

Nous d’Eux nus

COMMENT ÇA S’OUVRE UN CORPS

comment ça s’ouvre un corps comment
le bout du cœur pointe à la langue
s’inventent alors de nouveaux gestes
ponctués par un souffle neuf
afin de creuser le sillon

sur la terre de nos poèmes
le temps parfois devient léger
il suffit de le prendre aux mots
et le voilà rythme ou mesure
comme s’il changeait de nature

chaque vers joue à la sirène
pour arrêter la vie passante
ou regarde vieillir sa main
pendant que sourit le visage
qui veut séduire le destin

il nous faut du désir encore
pour fêter à deux la tendresse
tant que la faux fauche à côté
ce qui pousse au bout de nos doigts
reste aussi vif qu’à ses débuts

nous allons sur le chemin d’encre
il ne mène qu’au corps d’amour
ce n’est pas une forme en soi
c’est l’espace tout alentour
devenu chair de nos pensées

quand le soir n’est plus que ténèbres
la lumière nous vient d’en bas
c’est la belle sueur du noir
et goutte à goutte elle fait voir
que tout change et ne se perd pas

que tout change au lieu de se perdre
ainsi fait le vocabulaire
qui nomme ceci par cela
puis fait du neuf avec du vieux
dès que la langue est amoureuse

Édith Azam | Bernard Noël – Retours de langue

Et-cris en symbiose de ce jour en peau-lit , en voix mutuelles de garage, instants tannés des mots amants de l’Âme-Our avec toi

Âmants

Ce qu’au tant nous decompte
Illumine nos ferveurs d’ans criés
Et tisse la trame du conte
Sans peur de nos cœurs liés

Notre amour pays de cocagne
Ravi entier mon esprit de vent
Qui se suffit d’une cabane
Et de ton coeur en fief brûlant

Est-il besoin de se faire serment
Écrire ce que sait notre sang
Ce que chaque nuit ne dément
Que chaque jour me fait ton amant