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Eaurigine

Mes envies sont sauvages, elles ne sont rien  qu’une lance de chaleur, du mouvement brut, une soif liquide de s’épancher, un vol libre tournant la couronne de tes seins, une montagne debout sur la mer de ton souffle…

Mes envies sont sauvages amour, elle ne tiennent pas la corde, elle sont le long courant qui se charit, elles courent la pente de tes eaux, elles savent la part du rêve et celle du feu, remontent jusqu’à ta bouche pour frayer dans la matrice de tes baisers.

Là est la source.

 

Le Don et l’Amour

Le Don et l’Amour sont deux fleuves de Russie…  En russe, Don signifie « rivière » et Amur signifie « boueux »… En Chine, où il va aussi, on le dit « fleuve du dragon noir ». C’est joli, n’est ce pas ? Je ne pense pas que cela soit dû au hasard si sur les mêmes terres se charrient l’un près de l’autre le Don, l’Amour… Je ne crois jamais au hasard.

Depuis enfant, je suis l’eau de la rivière et je t’ai parlé de ce rêve, peut-être, récurrent dans mes sommeils de petite fille … je fuyais une menace qui courrait derrière nous ma main dans celle de mon âme-heureux, une longue tresse noire me battant les reins, on voyait au travers des grands arbres de la forêt, les coupoles d’une sorte d’église orthodoxe. Nous sommes arrivés au bord d’une grande rivière… Etait-ce le Don , était ce l’Amour, était-ce les deux qui s’étaient rejoints, amants enfin dans le même lit ? Est survenue une vieille femme la Baba Yaga. J’ai franchi d’un bond l’eau boueuse. Je suppliais le jeune homme de me rejoindre, je le suppliais oui, littéralement, je voyais son hésitation, sa peur, ses doutes, le statufier de l’autre côté. Alors, la « sorcière » a lancé un vase dans la rivière qui s’est tout à coup transformée en un long miroir. Il s’ est brisé en mille morceaux. Je me suis tournée, navrée et seule vers une lumière de plus en plus aveuglante qui a fini par m’engloutir.

Toute petite, ce rêve, me terrorisait ; plus âgée et jusqu’à il n’y a pas si longtemps je me disais en essayant de l’interpréter au vu de mes échecs successifs que l’amour pour moi ne serai pas, que mon âme sœur n’était pas descendue sur cette Terre en même temps que moi et m’attendait, peut-être, de l’autre côté…

Et j’étais l’eau depuis, celle du don, celle de l’amour, jamais les deux ensemble

Dans le mot Don ou plutôt avec il y a oui, abandon, et après lui vient le donjon, où l’on s’enferme sur sa grisaille, ses demi-teintes, alors vient l’ordonnance de je ne sais où qui nous commande le pardon, qui nous ordonne de fredonner, d’être insubordonnée à la peine, de risquer tout pour coordonner soi avec le Monde et l’Amour…

Parce qu’il ne faut pas mourir avant que de n’avoir pas vraiment  tout tenté.

Je n’irai plus là-bas, là où se tombe l’heure, là où se viole la magie de soi, là où se vole l’âme à git par terre de soi comme disaient les amérindiens .

Ma maison, c’est ici. Là où je veux te faire le don de mon amour. Ma vérité , ma générosité aussi. je n’ai pas besoin d’images innées pour le savoir au fond de moi.

Aujourd’hui, après avoir fait mon chemin, sereinement moi aussi dans l’attente adoucie de toi, ranger, mes livres, te les photographier, te montrer ainsi l’étoffement de mon rayon de lumière aux tons écriés de la poésie, j’ai voulu te partager mon coucher de soleil sur le pic sacré des catalans, en revenant de la ville où j’avais déposé Loup. C’était une folie de pourpre, mauve, violet, de gris, de bleu roi, de rouge incandescent, de toutes ces couleurs de l’amour. C’était toi, mon Rayénari. J’en étais époustouflée, presque en transe, tellement, la pensée charnue de toi, magnifiait le monde tout autour de moi mais j’avais oublié, j’étais l’eau encore un peu, beaucoup , passionnément, éperdument , et je me suis heurtée de plein fouet à un barrage, impossible de rien te faire parvenir.

Et quand l’eau de moi où se mêle à part égale le Don, l’Amour est empêchée de rouler dans l’eau de toi, mon aimé, je prends encore peur de ce que le Monde puisse devenir…