Si lents si eux

ILL. Edvard Munch – Le baiser sur la plage – 1921

 » Debout dans le vent léger, sous le soleil qui nous chauffe un seul côté du visage, nous regardons la lumière descendre du ciel, la mer sans une ride et le sourire de ses dents éclatantes. Avant d’entrer dans le royaume des ruines, pour la dernière fois nous sommes spectateurs.

Au bout de quelques pas, les absinthes nous prennent à la gorge. Leur laine grise couvre les ruines à perte de vue. Leur essence fermente sous la chaleur, et de la terre au soleil monte sur toute l’étendue du monde un alcool généreux qui fait vaciller le ciel. Nous marchons à la rencontre de l’amour et du désir.

Nous ne cherchons pas de leçons ni d’amère philosophie qu’on demande à la grandeur.

Hors du soleil, des baisers et des parfums sauvages, tout nous paraît futile. « 

Albert Camus –  » Noces à Tipasa « 

Je t’aime mon bel amour , je t’aime tout ce tant même si Monde ne nous en offre pas temps je t’aime

D’eux si aime saison

ILL. Daria Pochinskaya

A

V

R

I

L

4 . 2 Te pétrir aux rayons

à l’obédience des saisons

Nu dans les ailes de la chair

Francine CARON – Recueil  » L’Année d’amour » Ed. aux amis de NARD

*

A l’hirondelle

le fumet des nus en jeux

ailes fuselées

*

L’eau se file amants

en bordure de lèvres

nos langues à tisser

*

Miss coccinelle

se repaît de pucerons

fringale et ventrée

*

Couleur de roses

Dame Valériane

ombre les fourmis

Nos peaux et reins tannés

Une oeuvre de Gilfy.

Et si toi tu prends

ma bouche au pied du Printemps

le monde est léger

*

La vie se grandit

le chien-loup tchèque hurle

désormais la nuit

*

Ma peau craque et fond

conjuguer nos contraires

germée à ta bouche

*

Si font me tordre

la forte giboulée de toi

la langue dehors

*

Éole Hélios

S’en brassent à pleine bouche

les fleurs plient de joie

*

L’ajonc espagnol

enlacé aux tulipes

varient en couleurs…

*

Chauffant leurs baisers

les tourterelles accolées

s’aiguisent du bec

*

Le thym est en fleurs

mauves violettes et rouille

Égales de beautés

*

L’étourneau écrie

Tout en haut d’un grand poteau

sa flamme ébahie

*

LE LOUP ET LOUVE

PROTÈGENT LEUR BEL AMOUR

AU SEIN D’ÉPINES

*

Lilas étoilés

gîtent au petit vent câlin

mer sur garrigue

*

L’extase du jonc

poudre de sucs ton arbre

dedans moi forée

Et s’il fallait

Et s’il fallait enfreindre
Les lois de la terre

Je serai cette dent dure

Apesanteur du tant
Vivant dans l’horizon
De tous les combats
De vivre d’âmour
De baisers d’eau fraiche
Puisée à la source
De ton ventre
Et toi, tu vivras dans ma peau
Iceberg de lumière
Sur la mer de mes envies
Et aux murs de mes entrailles
Les traces de ton plaisir,
Rupestres empreintes
Où je te regarderai dans
L’envers de nos yeux

La Joie

ILL. Ron Hicks  » L’Amour à la campagne »

DÉFENSE DE LA JOIE

Défendre la joie comme une tranchée
la défendre du scandale et de la routine
de la misère et des misérables
des absences transitoires
et de celles définitives

Défendre la joie comme un principe
la défendre de la stupeur et des cauchemars
des neutres et des neutrons
des douces infamies
et des graves diagnostics

défendre la joie comme un drapeau
la défendre de la foudre et de la mélancolie
des naïfs et des canailles
de la rhétorique et des arrêts cardiaques
des endémies et des académies

défendre la joie comme un destin
la défendre du feu et des pompiers
des suicides et des homicides
des vacances et de la fatigue
de l’obligation d’être joyeux

défendre la joie comme une certitude
la défendre de l’oxyde et de la crasse
de la fameuse patine du temps
de la rouille et de l’opportunisme
des proxénètes du rire

défendre la joie comme un droit
la défendre de Dieu et de l’hiver
des majuscules et de la mort
des noms de familles et des peines
du hasard
et aussi de la joie

Mario Benedetti

A deux fendre la poire de notre joie , seul fruit qui n’est pas défendu par les bigots de tous poils, mon amour

M’ars amatoria

ILL. Steven Kenny

Amour, tu me mets

du baume entre mes deux joues

du feu dans leur chœur…

*

Je sens le printemps

pousser des fleurs sur nos mains

et rire en coulent heurts

*

Les petits bourgeons

s’ouvrent à la loi suave

le mien sous le tien

*

Bourgeon de langue

érige celui de moi

sucs de fleurs miellées

*

Retour de saison

tout toi monté si fleuri

petit lait aux doigts

*

Nous embrasser là

mon amour sous les saules

qui caressent l’eau

*

Voûte d’ogive

l’olivier mille en ère

conte ses oiseaux

*

Faire notre amour

sur la lie d’herbes hautes

nous cacher d’en blé

*

Chaleur retrouvée

je t’écris tu me crisses

nos replis froissés

*

Oh nos lits tannés

Joyaux cependant luisent

nos souffles mêlés

*

C’est un flux bleuté

qui prend tout à la gorge

boire à nos printemps

*

Mon homme de soie

nous glisse au tapis d’iris

doux amant violet

*

La garrigue en feu

mauve d’euphories lacées

me liane à ton bras

*

Les fleurs ne coupe

et comme une vache allée

moi je les mange

*

Si c’est en blason

que nos bouches ça sent bleues

je mords ton harpon

*

Nous danser Haut-Vol

franc jeu des précipices

est loi stupr’aime

*

Ta sève monte

elle barbouille ma bouche

si roi d’ attentat

*

Le dos dans l’herbe

le gué des hirondelles

entre quatre yeux

*

Savoir mystique

du héron cendreux au bas

des cordons de l’eau

*

Cocons sidérant

la lumière dans les pins

l’en corps vif du vent

*

Elle monte le ciel

de son lent voyage au sud

Altaïr en tête

*

Bruyère blanche

et timides violettes

font avalanches

*

Ma douce furie

sur figue de barbarie

t’aimer piquante

*

Le soleil est eau

et pressant il noie l’ombre

dans tous nos à-pics

*

Le réseau rouge

de nos pensées attendries

éponge l’éclair

*

Songe à la foudre

qui ploie sur tout l’équateur

et crie dans nos nuits

*

Lune faconde

tourne et vire sans l’oubli

de nos flamboiements

*

Et l’on sera beaux

et les chevreuils les oiseaux

fermeront leurs yeux

*

Fouillis de plumes

régal, carnage de nuit

au matin, l’oubli

*

La petite orchis

déploie ses mouches noires

les pieds dans l’ombre

*

Les poings desserrés

laisser la rivière

Broyer nos galets

*

Bruyère en senteurs

de la vanille et du musc

de ta semence

*

Ils sont nos baisers

bourdon et sauterelle

vibrant caducée

Si clit.tour hymne

Apollonia Saintclair – Le titre c’est si je me souviens bien quelque chose comme « L’effet que font les cahots du pavé du barrio Gotico de Barcelona sur cette belle cycliste  »

C’est bon le printemps

aujourd’hui je pédale

slip tout humide…

*

Frottement du cuir

envoie des étincelles

contre mes cuisses

*

Troussée sur les reins

baisers porte-bagage

jupe vole au vent

*

Lâche le guidon

et agrippe mes deux seins

je t’amène au loin…

*

On a déjanté

en riant dans le fossé

bien vu le gravier !

*

C’est la crevaison

ta bouche sur mon cul nu

faire rustine…

*

Je transe et pire

je suis dégoulinante

tant tu moulines

*

A cale enfourchons

j’ai tes équins mots osés

moi sur ton guidon

*

Sucer la trace

de mon sentier caille outrée

en perdre les pédales

*

Ta pente est raide

sur mon col me cuit ton cuir

tour de ma fronce…

*

Monter ta queue hot

en gracile danseuse

si clit tour hymne

Pour la toile invisible que nous tissons chaque jour