Couché là, j’épouse
L’herbe autour
Le ciel qui me voit
L’air sans forme que moi
Le chant partout
Les oiseaux,
Le galop,
Le bruit des sabots
Toutes ces rides
dans le vent
J’épouse aussi
La ville,
Ses décombres
Les rues, la nuit
Les néons, les sirènes,
Toi qui passes ici-bas
Avec moi affamé
J’accueille ce tout
Et toi et la vie avec toi
Qui m’accueille m’épouse
Encore pour un jour
De plus
Si lents si eux

» Debout dans le vent léger, sous le soleil qui nous chauffe un seul côté du visage, nous regardons la lumière descendre du ciel, la mer sans une ride et le sourire de ses dents éclatantes. Avant d’entrer dans le royaume des ruines, pour la dernière fois nous sommes spectateurs.
Au bout de quelques pas, les absinthes nous prennent à la gorge. Leur laine grise couvre les ruines à perte de vue. Leur essence fermente sous la chaleur, et de la terre au soleil monte sur toute l’étendue du monde un alcool généreux qui fait vaciller le ciel. Nous marchons à la rencontre de l’amour et du désir.
Nous ne cherchons pas de leçons ni d’amère philosophie qu’on demande à la grandeur.
Hors du soleil, des baisers et des parfums sauvages, tout nous paraît futile. «
Albert Camus – » Noces à Tipasa «
Je t’aime mon bel amour , je t’aime tout ce tant même si Monde ne nous en offre pas temps je t’aime
Pairmanence
Et même si demain
Vient plus vite que
Notre prochain baiser
Murailles séparantes
Parallèles irreversibles
Et que ne se suffisent
A notre perte
Ceux d’hier
J’aurai toujours
Au bord des lèvres
Ce bourgeon de sourire
En pensant à ceux
D’aujourd’hui
D’eux si aime saison

A
V
R
I
L
4 . 2 Te pétrir aux rayons
à l’obédience des saisons
Nu dans les ailes de la chair
Francine CARON – Recueil » L’Année d’amour » Ed. aux amis de NARD
*
A l’hirondelle
le fumet des nus en jeux
ailes fuselées
*
L’eau se file amants
en bordure de lèvres
nos langues à tisser
*
Miss coccinelle
se repaît de pucerons
fringale et ventrée
*
Couleur de roses
Dame Valériane
ombre les fourmis
Nos peaux et reins tannés

Et si toi tu prends
ma bouche au pied du Printemps
le monde est léger
*
La vie se grandit
le chien-loup tchèque hurle
désormais la nuit
*
Ma peau craque et fond
conjuguer nos contraires
germée à ta bouche
*
Si font me tordre
la forte giboulée de toi
la langue dehors
*
Éole Hélios
S’en brassent à pleine bouche
les fleurs plient de joie
*
L’ajonc espagnol
enlacé aux tulipes
varient en couleurs…
*
Chauffant leurs baisers
les tourterelles accolées
s’aiguisent du bec
*
Le thym est en fleurs
mauves violettes et rouille
Égales de beautés
*
L’étourneau écrie
Tout en haut d’un grand poteau
sa flamme ébahie
*
LE LOUP ET LOUVE
PROTÈGENT LEUR BEL AMOUR
AU SEIN D’ÉPINES
*
Lilas étoilés
gîtent au petit vent câlin
mer sur garrigue
*
L’extase du jonc
poudre de sucs ton arbre
dedans moi forée
Et s’il fallait
Et s’il fallait enfreindre
Les lois de la terre
Je serai cette dent dure
Apesanteur du tant
Vivant dans l’horizon
De tous les combats
De vivre d’âmour
De baisers d’eau fraiche
Puisée à la source
De ton ventre
Et toi, tu vivras dans ma peau
Iceberg de lumière
Sur la mer de mes envies
Et aux murs de mes entrailles
Les traces de ton plaisir,
Rupestres empreintes
Où je te regarderai dans
L’envers de nos yeux
La Joie

DÉFENSE DE LA JOIE
Défendre la joie comme une tranchée
la défendre du scandale et de la routine
de la misère et des misérables
des absences transitoires
et de celles définitives
Défendre la joie comme un principe
la défendre de la stupeur et des cauchemars
des neutres et des neutrons
des douces infamies
et des graves diagnostics
défendre la joie comme un drapeau
la défendre de la foudre et de la mélancolie
des naïfs et des canailles
de la rhétorique et des arrêts cardiaques
des endémies et des académies
défendre la joie comme un destin
la défendre du feu et des pompiers
des suicides et des homicides
des vacances et de la fatigue
de l’obligation d’être joyeux
défendre la joie comme une certitude
la défendre de l’oxyde et de la crasse
de la fameuse patine du temps
de la rouille et de l’opportunisme
des proxénètes du rire
défendre la joie comme un droit
la défendre de Dieu et de l’hiver
des majuscules et de la mort
des noms de familles et des peines
du hasard
et aussi de la joie
Mario Benedetti
A deux fendre la poire de notre joie , seul fruit qui n’est pas défendu par les bigots de tous poils, mon amour
M’ars amatoria

Amour, tu me mets
du baume entre mes deux joues
du feu dans leur chœur…
*
Je sens le printemps
pousser des fleurs sur nos mains
et rire en coulent heurts
*
Les petits bourgeons
s’ouvrent à la loi suave
le mien sous le tien
*
Bourgeon de langue
érige celui de moi
sucs de fleurs miellées
*
Retour de saison
tout toi monté si fleuri
petit lait aux doigts
*
Nous embrasser là
mon amour sous les saules
qui caressent l’eau
*
Voûte d’ogive
l’olivier mille en ère
conte ses oiseaux
*
Faire notre amour
sur la lie d’herbes hautes
nous cacher d’en blé
*
Chaleur retrouvée
je t’écris tu me crisses
nos replis froissés
*
Oh nos lits tannés
Joyaux cependant luisent
nos souffles mêlés
*
C’est un flux bleuté
qui prend tout à la gorge
boire à nos printemps
*
Mon homme de soie
nous glisse au tapis d’iris
doux amant violet
*
La garrigue en feu
mauve d’euphories lacées
me liane à ton bras
*
Les fleurs ne coupe
et comme une vache allée
moi je les mange
*
Si c’est en blason
que nos bouches ça sent bleues
je mords ton harpon
*
Nous danser Haut-Vol
franc jeu des précipices
est loi stupr’aime
*
Ta sève monte
elle barbouille ma bouche
si roi d’ attentat
*
Le dos dans l’herbe
le gué des hirondelles
entre quatre yeux
*
Savoir mystique
du héron cendreux au bas
des cordons de l’eau
*
Cocons sidérant
la lumière dans les pins
l’en corps vif du vent
*
Elle monte le ciel
de son lent voyage au sud
Altaïr en tête
*
Bruyère blanche
et timides violettes
font avalanches
*
Ma douce furie
sur figue de barbarie
t’aimer piquante
*
Le soleil est eau
et pressant il noie l’ombre
dans tous nos à-pics
*
Le réseau rouge
de nos pensées attendries
éponge l’éclair
*
Songe à la foudre
qui ploie sur tout l’équateur
et crie dans nos nuits
*
Lune faconde
tourne et vire sans l’oubli
de nos flamboiements
*
Et l’on sera beaux
et les chevreuils les oiseaux
fermeront leurs yeux
*
Fouillis de plumes
régal, carnage de nuit
au matin, l’oubli
*
La petite orchis
déploie ses mouches noires
les pieds dans l’ombre
*
Les poings desserrés
laisser la rivière
Broyer nos galets
*
Bruyère en senteurs
de la vanille et du musc
de ta semence
*
Ils sont nos baisers
bourdon et sauterelle
vibrant caducée
Man’i’fest
Oh, je sais, tu veux mon bois
Bandé dans l’arc tendu
De tes jambes, la cheville
Ouvrière prise dans l’étau
Manifeste de ton desir
Tenons, morte aise en faim
Où j’embrasse tes lèvres,
Tes cuisses tes pieds
De biche chassée, tirée
D’un trait sur le carreau
Inusable de la cuisine
Goulue de nos baisers
Sophie Loizeau

il secoue les lambeaux de ses velours sanglants
le loup
il fait comme font les loup il écorce les arbres et dépose
ses sécrétions
il se déclenche mâle et femelle confondues un rut
lyrique propre
à la célébration et à l’extase
Sophie Loizeau – Recueil » Les Loups » – Ed. Corti