Archives de catégorie : Baisers

Entr’eux miêlée

Anne Camille Hubrecht -1

(Ill. Anne-Camille Hubrecht)

TOUJOURS DOUX

(…)

Je veux des vers de toile ou de plumes

qui pèsent à peine, des vers tièdes

avec l’intimité des lits

où des gens ont aimé et rêvé.

Je veux des vers déchirés

par les mains de chaque jour.

 

Je veux des vers feuilletés qui fassent fondre

le lait et le sucre dans la bouche,

l’air et l’eau se boivent

l’amour se mord et se baise,

je veux des sonnets comestibles,

des poèmes de miel et de farine.

(…)

Que ta poésie déborde

l’équinoxiale pâtisserie

que nos bouches veulent dévorer,

toutes les bouches des enfants

et tous les pauvres adultes.

 

Ne continuez pas seuls sans regarder

sans désirer ni comprendre

tant de cœurs en sucre.

 

Je ne crains pas la douceur.

 

Sans nous ou avec nous

ce qui est doux continuera à vivre

et ce qui est doux est infiniment vivant

éternellement ressuscité,

parce que dans la bouche pleine de l’homme

la douceur est là

pour chanter ou pour manger.

 

Pablo Neruda – Recueil « Vaguedivague »

Sous l’ivre rive libre de Nous

Adam-Martinakis- Décalé IV

(Ill. Adam Martinakis – Décalé IV)

Je t’ai embrassé sous la fière et furibonde rivière

Serrés cœurs dépolis du monde mes draps de bras ronds

En lacets grisés geysers glissés grésillants de contre poisons

Les récifs vitrifiés vifs vite pétrissent les mots étranges de nos lèvres

Baisers quantiques du Cantique en quarks et particules

Ondée de glue on se Nous un amas géant de feu sacré

L’espèce d’espace élastique supernovae majuscule

Où se fond ma bouche à ton étoile accélérée

 

Il tourne ce Monde bâti par nos baisers

Monteras-tu le vaisseau de nos peaux

Saisir Altaïr revenu à bouts de  mots

Pointé sur l’été ?

Mots et cris de nos bouches

Idylle_ Wojtek Siudmak

(Ill. Wojtek Siudmak)

« Homme qui es venu jusqu’à moi, tel le fleuve descendant, sur un voilier planté d’un mât de lettres, quand passeras-tu les colonnes de la mer ? Rien ne te brûlera qui ne me brûle aussi, plus vivants que jamais nous goûterons la chair du verbe au centre du ciel. Nos bouches se mordront, nous nous couvrirons avec l’herbe de sang bleue au pied des grenadiers d’Iran. De notre nuit de lumière que les passeurs de mots auront ralliée coulera la multitude. Dans le fond de nos gorges, les déserts jailliront en saisons orangées, vertes, framboisées. Nos corps épuisés sur les cailloux d’écume, pour finir marqueront sur l’aube les langages perdus. »

Sylvie Saliceti