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Mon Homme premier

(ILL. Nathaniel Skousen)





J’AIME UN HOMME


Gymnopédies de nos palpitants
Gastronomie haute de nos charmes
Griffon à l’arpent exact de mon ciel
Gris-bleu acéré de tes yeux
Gilbertin en « langue des gens »


Il est mon Île où poser mon chapeau
Innervé cousu princeps absolu de ma respiration
Illégal homme sorti des flots de sa condition


Légitime amant de moi sa feu-âme oiseau


faisons-nous ta fête, c’est ton jour mon amour

Ta tendre tout l’été

(ILL. Bobirova Elvira Anatolyevna)

Chapeau de paille blonde Bouteille vide ou entamée Trousseau de clés qui tombe Et c’est l’été   Grillon sous les persiennes Ta porte entrebâillée Mes pas qui vont qui viennent Et c’est l’été   Parfum froissé de chambre Dehors le blé des prés Ta peau safran et d’ambre Et c’est l’été.   —   N’être que dans ce soupir De l’être qu’on attend Respirer lentement Pour freiner le désir De souffrir De rire ou de pleurer N’être plus là ni ailleurs Mais dans cette attente Qui voudrait s’emballer Cravacher les minutes Mordre et déchiqueter Les jours et les nuits   Jusqu’à ce qu’il vienne Jusqu’à ce qu’on se souvienne Que l’instant n’est rien Sans l’infini.  
 BIELECKI Isabelle – Extraits de « Plumes d’Icare »

Cent gouffres de nous

(ILL. Ana Teresa Barboza)

Mon abandon né
Entre les leviers farouches
La hutte chaude de ta bouche
Entendre bruire le flot des oiseaux
Que tu as volé dans le ciel
En corps à l’affût
Derrière tes crocs

En toi mon astre au logos
Se fond la foi rude de mes os
Et se désaltère mon ego rythme
De l’hébétude sur l’hymne
Sanglant de tes rapides de gorge

Se jouent les tournois des vertiges
Sur mes antiques vestiges
Des arguments de ma langue
Au frontispice de ton amoureuse harangue
Éclats boues suées de salives
Entrelacs de grands précipices



Faire avaler à nos petits, ces louves, ces fauves
Des mets créant diocèses
Exsudés de nos mots, de nos rougeoyantes gangues
Creusant ventre à terre de folles tendresses

Ne se repaître de rien
Rester toujours dans la bouche d’ombre
De nos faims…

Doux et Fort

(ILL. Anna Dart  » Gravity »)

Ode à l’amant

Tu es la vigueur du soleil
Et ta sève embaume.
Elle est un ruisseau de mai sous l’aubépine,
Plus douce que la fleur du sureau.
Tu te dresses et tu es la force de la forêt!

Tes reins blessent mes mains nouées,
Tu es rude comme un chêne.
Je t’ai baisé comme un rouge-gorge dans ma main,
J’aime la tiédeur de ton corps dans ma main.

Je me rassasie de ton odeur sauvage;
Tu sens les bois et les marécages
Tu es beau comme un loup,
Tu jaillis comme un hêtre
Dont l’énergie gonfle l’écorce.
… Le nœud de tes épaules est dur sous les mains;
L’axe du monde est dans ta chair.
… Mais je louerai ton cri sauvage,
Mais je louerai ton corps qui embaume,
C’est un bois sauvage aux rudes fleurs.
Je louerai ta brutalité,
Le sanglot rauque de ta chair;

Je louerai ta sève immense
Où l’univers est en puissance.
Je louerai tes poings et comment ils se dénouent
Tout à coup quand tu retombes
Au creux d’une épaule,
Plus doux qu’un petit enfant
Et plus innocent qu’un ange.

Marie Dauguet

Cette Nuit-là…

La nuit

j’abandonne toute pudeur
J’ouvre à deux battants

mon soleil
Je perds la tête
Je suis en proie

à une folle ardeur
Je me gonfle de vagues

telle une mer

au plus fort de son flux
Mes tempêtes se déchaînent

et se suivent
Ma lumière point
Je brille

comme l’éclair courant

derrière le nuage
Je scintille

comme un lustre

de la lumière divine
Je persévère dans l’erreur
Maîtresse de la Création

je me hisse sur le trône

et sur le sein de l’étoile

je consomme ma folie et mes arts

Sur toutes mes étendues

et jusque dans mes souterrains

le roi de la forêt rugit

Mon lion rugit d’ amour

pour l’étoile rouge

qui transperce les horizons

Malika Assimi – Poétesse marocaine

Peaurnographes

(ILL. Betty Dodson)

En Apaches s’échapper
De nos oueds doués
Tissus si tus
Lin du Nil
Nous lier d’airain
Casser le ressac
A nos lèvres sans cervelle
Les baisers reçus sucer
Des rêves sévères
S’emboucher à coups doux bleus
Dans l’arène
Ohhh… frire
Aux feux rire
Ô faire et des fers
Au froid de nos Enfers
Joug y sangs
Deux nous
Un nu
Une nue
Unis si nu
Des fautes de peaurnographes
Dans la course des baisers recrées…

D’êtres acteurs

(ILL. Betty Tompkins)

Les ors frais de la nuit formol lisent
leur cruauté de nos distantes offrandes
mais de nous rangés dans la vase trouble de l’étang
du mufle du groin de la gueule des babines des lèvres des crocs
et des canines des couteaux des stylets de la langue des pinceaux des papilles
disparates recousues soudées défrayer l’affront fait à nos solives
de plonger dans l’Érythrée la Somalie le Sahara le désert de Gobi
le plancher flux tuant de nos salives
et dans l’épaisseur moite de nos élégies
foutre le feu au camp violent de nos bouches
seules essences du boire
nous les prenant pour détracter la chronologie