Âmants

Ce qu’au tant nous decompte
Illumine nos ferveurs d’ans criés
Et tisse la trame du conte
Sans peur de nos cœurs liés

Notre amour pays de cocagne
Ravi entier mon esprit de vent
Qui se suffit d’une cabane
Et de ton coeur en fief brûlant

Est-il besoin de se faire serment
Écrire ce que sait notre sang
Ce que chaque nuit ne dément
Que chaque jour me fait ton amant

Hérésie

Que j’aimerai pouvoir de juillet à juin
Boire et danser et chanter à tue tête
Passer dentelles, jouer à minon minette
Et au bordel embrasser les catins

C’est pas que je veux me lever tous les matins
Être « sérieux » ramer pour des clopinettes
Dire « bonjour, merci » avec des pincettes,
Tout ça pour gagner ma croûte et mon pain?

Sûrement pas finir délavé et sans teint.,
Délaisser le soleil mettant en goguette
Ta peau, tes yeux et tes lèvres replettes
Et oublier que la vie passe sans frein.

Oh je préfère poser mes mains sur tes reins,
Goûter ta gorge et tes aréoles en fête
Là sur la paille pousser cette chansonette
Ou t’embrasser ne sera que le refrain

Et pourtant parfois je n’y peux vraiment rien
Je ne peux pas ne penser que bagatelle
Me manque d’inscrire combien tu es belle
Le dire, l’ecrire, avec pinceaux et fusains

Penser passer la porte en clandestin ?
Mieux vaudrait t’écrire sur la peau que je t’aime
Plutôt que cette sotte passion des poèmes
Futil rempart contre ce temps assassin

1000

Je viens de la nuit
Du rugissement de fauves
à l’affût
De la fuite par les mille portes
de l’obscurité
Je viens du feu
De la pulsation du cœur
Je viens des cantiques
du sommeil
Du culte des morts
Des enfants cachés
dans les arbustes du crépuscule
Je viens seule
agitant des rameaux
invoquant des rayons
Je viens de la nuit qui enfin
darde ses langues phosphorescentes
Je viens seule
passant la ligne du temps
avec le souffle de mon frère
qui vibre dans l’espace

Myriam Montoya In Traces (Huellas), L’Oreille du Loup, 2009

(ILL Dimitar Voinov Junior)
(ILL. Christophe Vacher)

Mon Homme premier

(ILL. Nathaniel Skousen)





J’AIME UN HOMME


Gymnopédies de nos palpitants
Gastronomie haute de nos charmes
Griffon à l’arpent exact de mon ciel
Gris-bleu acéré de tes yeux
Gilbertin en « langue des gens »


Il est mon Île où poser mon chapeau
Innervé cousu princeps absolu de ma respiration
Illégal homme sorti des flots de sa condition


Légitime amant de moi sa feu-âme oiseau


faisons-nous ta fête, c’est ton jour mon amour

Démarche’age

Démarchage

Le téléphone sonne
J’ai déjà marché des années
Alors je décroche pour
   Personne
Seul, accompagné
De béton hirsute
En terre meuringuée
Et toujours
Flatter de près
L’encolure
D’une peleté
Gingembre et pissenlits
Dessous
  Quelqu’un
A quoi bon j’achète pas
Et surtout Jonquille
J’suis pas a vendre
Mais personne n’est dupe
Alors pourquoi chercher
Quand même
Qu’on te rende la main
Dans le menuet de ta piece
Trois coup et tu penses
Mise en bière
Début de biture
Pour finir pour te coucher
Dans la vers mine
Se cru si verbe si fier
Tendre l’oreille
Mais au final
     Esprit
Es tu là
Je décroche
Autant donner
L’échange
J’achete pas
Mais peu importe
On sais bien archange
Mercurial que tout ça
N’est qu’une farce
Combien d’entre nous
Ne sont pas là pour
Se donner
Alors trêve de plaisanterie
Bècheuse funambule
Je décroche
Autant en rire
Et se partager
Mes pieds sont nus
Et j’ai foi

Ta tendre tout l’été

(ILL. Bobirova Elvira Anatolyevna)

Chapeau de paille blonde Bouteille vide ou entamée Trousseau de clés qui tombe Et c’est l’été   Grillon sous les persiennes Ta porte entrebâillée Mes pas qui vont qui viennent Et c’est l’été   Parfum froissé de chambre Dehors le blé des prés Ta peau safran et d’ambre Et c’est l’été.   —   N’être que dans ce soupir De l’être qu’on attend Respirer lentement Pour freiner le désir De souffrir De rire ou de pleurer N’être plus là ni ailleurs Mais dans cette attente Qui voudrait s’emballer Cravacher les minutes Mordre et déchiqueter Les jours et les nuits   Jusqu’à ce qu’il vienne Jusqu’à ce qu’on se souvienne Que l’instant n’est rien Sans l’infini.  
 BIELECKI Isabelle – Extraits de « Plumes d’Icare »

Cent gouffres de nous

(ILL. Ana Teresa Barboza)

Mon abandon né
Entre les leviers farouches
La hutte chaude de ta bouche
Entendre bruire le flot des oiseaux
Que tu as volé dans le ciel
En corps à l’affût
Derrière tes crocs

En toi mon astre au logos
Se fond la foi rude de mes os
Et se désaltère mon ego rythme
De l’hébétude sur l’hymne
Sanglant de tes rapides de gorge

Se jouent les tournois des vertiges
Sur mes antiques vestiges
Des arguments de ma langue
Au frontispice de ton amoureuse harangue
Éclats boues suées de salives
Entrelacs de grands précipices



Faire avaler à nos petits, ces louves, ces fauves
Des mets créant diocèses
Exsudés de nos mots, de nos rougeoyantes gangues
Creusant ventre à terre de folles tendresses

Ne se repaître de rien
Rester toujours dans la bouche d’ombre
De nos faims…

D’air d’ailes

Etrangement quand je te laisse,
Dans le silence des forêts
Lèchées du vent, perdues au ciel
Quand je te laisse
Les arbres dressés,
Comme des chevaux fou,
Passent la dune de tes seins
Prennent la mer,
Continuent de courir
Sur la rivière de ta voix,
Et le ventre de tes océans
Alors comment dire
Que la densité
De l’air n’est que celle
Pour le vol des oiseaux
Quand il comble
L’espace de nos lèvres
D’un baiser
Citadelle
Imprenable

Pour la toile invisible que nous tissons chaque jour