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Drap peau hissé

ENSEMBLE 

(extraits)

Ecoute encore : ton pollen au pollen des rochers

Se mélange sur mer,

Ton ventre amène et retire les marées,

Ton sexe occupe les sables chauds des profondeurs.

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Tous les suintements sont lavés dans la mer

 

Et l’homme peut le soir retrouver dans un lit

Le goût frais de la mer

Entre des cuisses ouvertes.

Guillevic – Recueil “Terraqué” – Editions Gallimard

Être ton et faits aime air sans cesse renoue Eve ailée à ton vit vent pile y est, amour @toile-invisible

Et je viendrai

Et je viendrai,
pour le café,
ton baiser porcelaine,
les doigts croisés,
les lèvres croisées,
Je viendrai,
pour le soleil,
la pluie, la boue,
la peau ridée,
les baisers tachés
pour le bleu bordé,
pour le rose,
à tes joues
à tes fesses,
pour être plié
en quatre dans tes doigts
en mille goutelles
de plaisir sur ta peau
sous ta peau,
Oui je viendrai amour,
pour le noir du café
au doux de ta bouche,
Le jaune du miel épicé
coulé de ta ruche
pour le moi sauvé,
peau rouge,
nu libéré
dans tes bras.

Eau feu rendre

Ce matin, allonger dans ces herbes longues, jaunes vertes, mariant l’automne au printemps, sous cette brise de lumière, faire le tour des saisons, rouler des raisins sous mes doigts, ceux de l’été, les tiens, laisser revenir ton corps se renverser, empreinte agrippée sur l’herbe grasse, les roulades enjambées, des baisers de lèche sifflant entre nos lèvres, l’eau les rivières, tout remonter à contre courant. C’est puéril amour, mais je t’aime immense, toi la bas dehors. Voudrais pouvoir nous revenir au primal innocence de la chair sanctuaire. Nous marier d’ajonc, de tourbières, glisser dans les marais, m’y noyer avec toi. Fermer nos yeux, n’entendre plus que les trilles de ta peau chantant un tonnerre de caresses contre la mienne. Vivre le feu, la lave embrasée dans l’horizon de tes yeux, le silex, les éboulis de larme, de joie, jusqu’à la de la torture de nous perdre enseveli.

A peau gaie

Comme une mer

Porches de garrigue, je veille

A ce que nous ne cisaille l’amer

Pour toi, ce bain de soleil

Qui transe invisible dans l’air

L’acmé crémant de ta voix

Me prend encore aux cheveux

Et te dire avec la peau de mes doigts

La parole pleine du feu

Tu me résonnes tout le corps

Dans le vibrant silence des épines

Je t’ai choisi, élu, brûlant

Dans le charnier à ciel ouvert

De mes douleurs

Combattant à l’épée

Mon indétrônable douceur

A la candeur de mes racines

Mot-à-mot

J’aime, toi  en grand, à la folie, ne sais pas, pas aimer, pas assez, bouche bée, je ne sais ni te dire, ni t’écrire et je te le dis, te le caresse l’enroule de mes doigts pris dans les lèvres humides de mes mots, mes mots tombent de mon coeur, eclaboussent la terre, ou je baise tes pieds, chaque phalange, chaque parcelle de toi, toi a mes pieds, s’y enroulés sur la terre, t’aimer je ne sais, le veux, t’aimer un peu attendre, recommencer toujours… Mes mots s’oublient, puis se caressent s’enfantent, te trouvent, te retrouvent, ta bouche, tes lèvres, se cabrent dessus, se font, se fondent, se déliasse, se déchainent, prennent ta langue, l’aime, la sucent, boivent tes mots, là, tous, même ceux accrochés sur le bord de tes lèvres, oh oui surtout ceux la amour…

Le Don et l’Amour

Le Don et l’Amour sont deux fleuves de Russie…  En russe, Don signifie « rivière » et Amur signifie « boueux »… En Chine, où il va aussi, on le dit « fleuve du dragon noir ». C’est joli, n’est ce pas ? Je ne pense pas que cela soit dû au hasard si sur les mêmes terres se charrient l’un près de l’autre le Don, l’Amour… Je ne crois jamais au hasard.

Depuis enfant, je suis l’eau de la rivière et je t’ai parlé de ce rêve, peut-être, récurrent dans mes sommeils de petite fille … je fuyais une menace qui courrait derrière nous ma main dans celle de mon âme-heureux, une longue tresse noire me battant les reins, on voyait au travers des grands arbres de la forêt, les coupoles d’une sorte d’église orthodoxe. Nous sommes arrivés au bord d’une grande rivière… Etait-ce le Don , était ce l’Amour, était-ce les deux qui s’étaient rejoints, amants enfin dans le même lit ? Est survenue une vieille femme la Baba Yaga. J’ai franchi d’un bond l’eau boueuse. Je suppliais le jeune homme de me rejoindre, je le suppliais oui, littéralement, je voyais son hésitation, sa peur, ses doutes, le statufier de l’autre côté. Alors, la « sorcière » a lancé un vase dans la rivière qui s’est tout à coup transformée en un long miroir. Il s’ est brisé en mille morceaux. Je me suis tournée, navrée et seule vers une lumière de plus en plus aveuglante qui a fini par m’engloutir.

Toute petite, ce rêve, me terrorisait ; plus âgée et jusqu’à il n’y a pas si longtemps je me disais en essayant de l’interpréter au vu de mes échecs successifs que l’amour pour moi ne serai pas, que mon âme sœur n’était pas descendue sur cette Terre en même temps que moi et m’attendait, peut-être, de l’autre côté…

Et j’étais l’eau depuis, celle du don, celle de l’amour, jamais les deux ensemble

Dans le mot Don ou plutôt avec il y a oui, abandon, et après lui vient le donjon, où l’on s’enferme sur sa grisaille, ses demi-teintes, alors vient l’ordonnance de je ne sais où qui nous commande le pardon, qui nous ordonne de fredonner, d’être insubordonnée à la peine, de risquer tout pour coordonner soi avec le Monde et l’Amour…

Parce qu’il ne faut pas mourir avant que de n’avoir pas vraiment  tout tenté.

Je n’irai plus là-bas, là où se tombe l’heure, là où se viole la magie de soi, là où se vole l’âme à git par terre de soi comme disaient les amérindiens .

Ma maison, c’est ici. Là où je veux te faire le don de mon amour. Ma vérité , ma générosité aussi. je n’ai pas besoin d’images innées pour le savoir au fond de moi.

Aujourd’hui, après avoir fait mon chemin, sereinement moi aussi dans l’attente adoucie de toi, ranger, mes livres, te les photographier, te montrer ainsi l’étoffement de mon rayon de lumière aux tons écriés de la poésie, j’ai voulu te partager mon coucher de soleil sur le pic sacré des catalans, en revenant de la ville où j’avais déposé Loup. C’était une folie de pourpre, mauve, violet, de gris, de bleu roi, de rouge incandescent, de toutes ces couleurs de l’amour. C’était toi, mon Rayénari. J’en étais époustouflée, presque en transe, tellement, la pensée charnue de toi, magnifiait le monde tout autour de moi mais j’avais oublié, j’étais l’eau encore un peu, beaucoup , passionnément, éperdument , et je me suis heurtée de plein fouet à un barrage, impossible de rien te faire parvenir.

Et quand l’eau de moi où se mêle à part égale le Don, l’Amour est empêchée de rouler dans l’eau de toi, mon aimé, je prends encore peur de ce que le Monde puisse devenir…